Un vaccin russe et une répétition générale
Revue boursière | La communication de Vladimir Poutine a secoué les marchés.
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Publié le 13-08-2020 à 18h50
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Il y a quelques jours, nous reprenions une analyse d’un des cerveaux du géant financier américain Goldman Sachs. Le principe ? Que se passerait-il si un vaccin efficace ou un traitement du Covid-19 arrivait sur le marché ? Pour Goldman Sachs, il y aurait là le signal de fin d’une période marquée par la recherche à tout prix par les investisseurs de valeurs capables de profiter de la crise sanitaire, de sécurité absolue sous forme d’emprunts d’État, ou encore de sécurité psychologique, comme l’or. À quoi s’attendre dès lors ? On pourrait assister à une modification stratégique axée sur une reprise rapide de l’activité économique "normale". Ce qui aurait pour effet de renvoyer des masses de capitaux vers les valeurs cycliques, en prise directe avec la conjoncture, au détriment de celles qui ont surperformé durant ces 5 ou 6 mois de mise en coma artificiel de l’économie mondiale.
Premier choc post-Covid ?
Ce scénario est envisagé avec une certaine angoisse dans le monde financier. À New York, en effet, la capitalisation boursière des poids lourds de l’économie des réseaux est telle qu’une correction sur des valeurs comme Microsoft, Apple, Amazon ou Google ferait disparaître des milliers de milliards de dollars. Des montants qui seraient bien entendu transférés sur d’autres valeurs, mais en laissant des traces dans les portefeuilles créés ces derniers mois, par une nouvelle génération de jeunes investisseurs. Encore faudrait-il que ce transfert se matérialise… C’est précisément ce qui s’est passé brièvement cette semaine après l’annonce par le président russe, Vladimir Poutine, de la mise en production du premier vaccin efficace contre le Covid-19. Les marchés financiers ont vécu une version courte de ce qui se passerait si l’annonce était vérifiée, sous forme, peut-être, d’une répétition générale.
Alors que les actions représentatives de l’économie physique se reprenaient dans l’hypothèse d’un redémarrage économique imminent, les géants technos cotés pour la plupart sur le Nasdaq subissaient des prises de bénéfices. L’or, pour sa part, après être monté de près de 30 % cette année jusqu’à un sommet de 2 063 dollars l’once, a chuté à 1 932 dollars. Les actions des mines d’or, en forte hausse ces derniers mois, et en dépit de bons résultats, ont été secouées. Newmont Mining, qui affiche encore un gain de 45 % cette année, a reculé en quelques jours de près de 9 %. À l’inverse, le baril de brut de la mer du Nord (Brent), partiellement influencé par la perspective d’une reprise, est revenu au-dessus des 45 dollars. Très vite, les doutes relatifs à l’efficacité du "Spoutnik V" ont calmé le jeu. Mais on a sans doute assisté là au premier choc post-Covid. À Bruxelles, on anticipe le meilleur, et sur la semaine Solvay, Ageas, Aperam et ING ont dominé le Bel 20.
Certains groupes cotés anticipent toutefois une évolution plus tendue dans les mois à venir et usent pour renforcer l’attrait de leurs actions de techniques un peu oubliées. Ainsi, Apple, dont l’action approche les 500 dollars, a annoncé une division par 4 de ses actions, chaque action ancienne donnant droit à la fin de ce mois à quatre nouvelles. Une manière d’attirer les petits investisseurs vers des titres moins chers en apparence. Cette opération, en partie cosmétique, a en effet redonné du gonflant à l’action.
Tesla se scinde et s’envole
Plus spectaculaire a été le résultat de la même annonce, une division par 5 de ses actions, de Tesla, qui se traitait jeudi aux alentours de 1 620 dollars. Après avoir subi un bref ressac comme le reste des valeurs technologiques auxquelles elle est assimilée, l’action Tesla a bondi de plus de 13 % sur l’annonce de sa scission, mercredi soir. L’action a déjà progressé de 271 % cette année. Et, est-ce l’effet de l’acceptation de prix de ventes plus élevés pour les Tesla, l’inflation a repris forme (+ 1 % en rythme annuel) aux États-Unis. Et cela notamment en raison de la hausse des prix des voitures, du carburant et des billets d’avion. Dans la perspective d’un retour à la normale, les sociétés de transport rapide Fedex et UPS ont rehaussé leurs tarifs, ce qui a eu un effet direct sur leurs cours de Bourse. Chez nous, on en est encore à payer la note du Covid, avec notamment l’assureur néerlandais Aegon qui a lourdement chuté jeudi suite à l’annonce de résultats en chute libre en raison, entre autres, d’une mortalité anormalement élevée aux États-Unis. Il est temps de redémarrer.