Annonces des banques centrales : à quoi peut-on s’attendre cet automne ?
Les décisions des banques centrales sur les rachats d’actifs vont entraîner de nouvelles orientations.
- Publié le 05-09-2021 à 17h01
- Mis à jour le 05-09-2021 à 17h02
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7F7R4KL5OZACPEGYQMKLU4T7W4.jpg)
On sait que les annonces des banques centrales concernant la politique monétaire ou les programmes de rachats d'actifs sont très suivies par les analystes et économistes. À quoi peut-on s'attendre cet automne ? "On a déjà assisté à une annonce de réduction des rachats d'actifs par deux banques centrales : celle du Canada et celle d'Australie. Pour la Banque centrale européenne, le programme de rachat devrait être maintenu, en principe, jusqu'en mars 2022", épingle Bernard Keppenne, Chief Economist chez CBC Banque et assurance. Pour rappel, la BCE a deux programmes en cours : le programme d'achat d'actifs (PAA) et le PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme).
Mais les yeux sont généralement tournés vers les États-Unis. Dans ce pays, la Fed donne déjà quelques indications qui sont orientées vers un tapering, c'est-à-dire vers un ralentissement du programme de rachat. Ce ralentissement s'explique par différents facteurs. D'une part, la reprise de la croissance américaine semble suffisamment solide. Cela a donc désormais moins de sens de maintenir le programme de rachats d'actifs à son niveau actuel. "De plus, on assiste à une poussée inflationniste aux États-Unis. Cette poussée sera sans doute temporaire. Il faut aussi tenir compte du fait que le maintien à des niveaux très bas des taux d'intérêt à long terme est un facteur de risque. En effet, cela fait craindre l'éclatement d'une bulle spéculative sur l'immobilier", prévient Bernard Keppenne.
Taux d’intérêt
Quelles seraient alors les conséquences d'un tapering ? Les taux d'intérêt à court terme ne devraient pas remonter. Cependant, on devrait assister à une hausse des taux d'intérêt à long terme. La courbe des taux devrait alors se repentifier. "Cette hausse des taux d'intérêt à long terme serait cependant limitée, graduelle et assez légère. A priori, cette hausse ne devrait pas avoir d'impact significatif sur les marchés boursiers. Il ne faut cependant pas perdre de vue que d'autres facteurs vont influencer les marchés bousiers", note cet économiste.
Cette hausse des taux d'intérêt devrait également rendre certaines devises plus attractives comme, par exemple, le dollar néo-zélandais ou le dollar canadien. Elle ne devrait toutfois pas impacter le marché immobilier qui subit des pressions à la hausse en raison d'autres facteurs. La hausse des taux à long terme permettra aussi de retrouver une certaine normalité sur les marchés. À noter qu'il y a également un risque concernant les marchés émergents. "Une augmentation des taux américains risque de voir un déplacement des investissements des pays émergents vers les États-Unis. Cela peut alors avoir une influence plus globale sur les marchés. C'est un élément à surveiller", préconise Bernard Keppenne. Il va falloir aussi garder à l'œil la façon dont ce tapering sera géré par les banques centrales. Pour les détenteurs en obligations, une reprise modérée des taux à long terme ne devrait pas avoir d'impact trop négatif. Mais, dans les perspectives actuelles, il n'est peut-être pas judicieux d'entrer sur le marché obligataire.
“Quantitative easing” ou “tapering”
Le Quantitative Easing est une politique monétaire utilisée par les banques centrales pour stimuler l'économie nationale en injectant des liquidités dans l'économie. Les banques centrales achètent ou vendent aux banques des actifs financiers pour maintenir les taux d'intérêt dans les fourchettes voulues par les autorités, et surtout pour stimuler l'économie par injection de monnaie. On parle de tapering lorsqu'on assiste à une baisse graduelle et progressive de la politique d'achats d'actifs par les banques centrales. Cela engendre le ralentissement progressif de la politique monétaire accommodante.