Les politiques monétaires resteront accommodantes : "Il y a tellement de dettes dans le système financier qu’il serait dangereux de remonter sensiblement les taux"
En dépit des annonces de la Banque Centrale Européenne, les conditions monétaires vont rester accommodantes et soutenir les actions.
Publié le 10-09-2021 à 19h15 - Mis à jour le 10-09-2021 à 19h25
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7Q3Q3LCEJBHQNIMA3XIDQPUE6Q.jpg)
La semaine financière a été dominée par les annonces de la Banque Centrale Européenne (BCE), qui a annoncé avoir l’intention de ralentir son rythme d’achat d’actifs dans le cadre du PEPP (programme lié à la pandémie). Pas de révolution toutefois, puisque la BCE devrait continuer à être très active sur les marchés, et racheter mensuellement plusieurs dizaines de milliards d’euros sur les marchés obligataires.
Cette modification dans la politique monétaire européenne constitue une reconnaissance de l’amélioration du contexte économique durant les derniers mois, avec une prévision de croissance révisée à la hausse vers 5 % pour 2021 (contre 4,6 % en juin dernier). La BCE a également relevé vers 2,2 % l’inflation attendue pour 2021, ainsi que pour les deux exercices suivants.
Toujours les actions
"Nous allons encore rester dans ce contexte pendant encore un bon moment, et un ralentissement du rythme d'achats ne veut pas dire que la liquidité va arrêter d'abreuver les marchés", estime Yoann Ignatiew, gestionnaire de fonds chez Rothschild Gestion. "Il y a aujourd'hui tellement de dettes dans le système financier qu'il serait dangereux de remonter sensiblement les taux".
Yoann Ignatiew souligne également le subtil jeu mené par la Reserve Fédérale qui cherche à dissocier le ralentissement de ses achats et la hausse de son taux directeur. "La réduction de la liquidité par les banques centrales sera lente et étalée sur plusieurs générations, et dans l'intervalle, les programmes de relance devraient permettre une amélioration structurelle de la croissance économique".
Dans ce contexte, l'avantage sur les marchés financiers va rester aux marchés boursiers. Keith Ney, membre du comité d'investissement stratégique chez Carmignac, souligne que les "actions resteront le moteur de la croissance des portefeuilles, et nous tablons sur un retour au premier plan des actions de croissance dans un contexte où les grands argentiers vont rester très accommodants et où la croissance restera une denrée rare sur les Bourses".
Reculs hebdomadaires
L’indice principal de la Bourse belge s’est contracté de plus de 2,5 % sur la semaine écoulée, une performance moins bonne que celles des principaux marchés environnants. En cause, nous trouvons un trio de grandes valeurs. AB Inbev a plongé de 3 % suite à une étude publiée par Bank of America, qui s’attend à une forte augmentation des coûts opérationnels pour l’année prochaine dans un contexte où le groupe aura toujours autant de mal à dynamiser sa croissance.

Ageas (-2,8 %) a pour sa part subi une baisse des attentes de JP Morgan Cazenove, qui estime que la rentabilité des activités asiatiques pourrait piquer du nez en raison de l’évolution des taux d’intérêts en Chine. Le plus gros recul hebdomadaire a été encaissé par UCB (-7 %), qui a subi des prises de bénéfice tout au long de la semaine après avoir progressé de plus de 20 % durant le semestre précédent.
Qualité et croissance
En dépit de ce recul, l’indice Bel 20 reste sur des niveaux proches de ses plus hauts boursiers sur une période de 10 ans, ce qui semble avoir convaincu le distributeur anversois de produits chimiques Azelis de s’introduire prochainement sur la cote bruxelloise, dans ce qui devrait être une des plus importantes opérations boursières de ces dix dernières années. La somme récoltée (autour de 880 millions d’euros) devrait être utilisée pour se désendetter, et pour financer la politique d’acquisitions.
En dehors de l’indice Bel 20, il faut également signaler le rebond de Bone Therapeutics, donc le cours s’est envolé de 13 % suite à l’annonce que son concurrent français Hybrigenics aimerait acquérir le biotech belge, après que ce dernier ait récemment subi une désillusion dans le développement clinique de son projet le plus avancé.