De la BCE à la Fed, les tactiques des banques centrales divergent face à des problématiques pourtant similaires
Les annonces des grandes banques centrales, les bonds de Pfizer et Proximus, et les chutes de Delivery Hero et Colruyt sont au menu de la Revue Boursière de la semaine.
Publié le 17-12-2021 à 18h11 - Mis à jour le 17-12-2021 à 19h50
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Un même boulot - soutenir l’économie, un même souci - une inflation inattendue, et une même inconnue - les effets du nouveau variant du Covid, mais deux réactions bien différentes. La Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont tenu cette semaine les marchés financiers en haleine, qui attendaient d’en savoir plus sur le calendrier des deux instituts d’émission en matière de normalisation de leur politique d’influence sur leurs économies respectives. Première en ligne, la Fed a eu un discours tranchant basé sur le niveau de l’inflation (+6,8 % sur un an), des prix à la production (+9,6 %), d’un taux d’utilisation des capacités de production supérieur à celui d’avant la pandémie, et surtout de la baisse du taux de chômage (de 4,6 % à 4,2 %). Des éléments qui justifient à ses yeux l’accélération du rythme de réduction de ses achats d’actifs. Ils prendront fin en mars 2022 au lieu de juin. Ensuite, la Fed augmentera par trois fois ses taux de référence avant la fin de l’année 2022.
Avec la bénédiction des marchés
Fin de la récréation monétaire ? Elle est en vue aux États-Unis, mais la logique de la Fed a été appréciée et mercredi soir, les marchés d’actions américains ont salué son message, avant d’entamer une phase de correction singulièrement axée sur les géants technologiques surévalués. Vendredi, la tendance à New York devait être plus volatile en raison des échéances d’options traditionnelles un troisième vendredi du mois.
La BCE tergiverse
Du côté de la BCE, le discours a été bien plus prudent. Pour elle, la hausse des taux à court terme n’est pas au programme de 2022, et sur le front des taux longs, elle a annoncé la fin d’un programme d’intervention (le PEPP en mars 2022) partiellement compensée par le rehaussement d’un autre plan (l’APP)… Autant dire que la stratégie n’est pas tranchée. Notons que les taux du marché, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, sont restés comme figés. Pour les opérateurs boursiers, même si le danger d’une correction se rapproche, il n’est pas encore l’heure de solder les positions bénéficiaires.
Pfizer and Co font bande à part
Et du bénéfice, il y en a, globalement, mais avec des pointes sectorielles, notamment dans le secteur pharmaceutique. À New York, cette semaine, les acteurs actifs dans le développement de vaccins et de médicaments anticovid se sont distingués, à l’image de Pfizer (+18 %), Eli Lilly (+16 %) et Johnson&Johnson. Pfizer qui affiche cette année une progression de près de 70 %, commence à engranger les contrats pour ses traitements. Ses résultats vont s’en ressentir, mais le groupe américain permettra aux pays les moins riches de produire des génériques à faible prix.

Ralentissements sectoriels
Sur la semaine écoulée, bien entendu, on a observé des dégagements prudents, liés précisément à l’accélération de la propagation du variant Omicron et aux premières mesures restrictives en matière de mobilité. Les secteurs de voyages, des loisirs et l’automobile ont été affectés et ont cédé quelque pour-cent ces derniers jours. Curieusement, dans la foulée, les gagnants de la pandémie Delivery Hero (-14 %) et Hellofresh (-10 %), ont subi de sérieuses prises de bénéfices.
Parmi les plus fortes baisses de la semaine, il faut encore noter le dérapage de 20 % du français EDF à la suite de l’arrêt imprévu de 4 réacteurs nucléaires sur les 56 qu’il gère. À la Bourse de Bruxelles, Umicore a poursuivi la correction amorcée la semaine dernière sur l’annonce d’une baisse de rentabilité imputable à de lourds investissements. Mais c’est Colruyt qui a secoué le marché avec une chute de 10 % sur la publication de résultats et de prévisions décevantes. Sur la semaine, le titre limite la casse à 6 %. Les analystes étaient pratiquement tous à la baisse sur le distributeur belge dont les bénéfices ont été plombés par des investissements conséquents, et le paiement des primes Covid au personnel. Après cette dégringolade, il y a fort à parier que certains d’entre eux vont revoir leurs avis. Chez nous encore, Proximus est (enfin) sortie du lot (+10 %) après la confirmation de la future cotation de sa filiale TeleSign au travers d’un véhicule boursier (SPAC).