Top des pires scénarios économiques pour 2023
Libre Eco week-end | Le Dossier. Ole Hansen, responsable de la stratégie des matières premières chez Saxo, songe que 2023 pourrait être l’année durant laquelle les marchés financiers pourraient être confrontés à une inflation intense et continue.
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Publié le 16-12-2022 à 15h12
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Si tu veux la paix, prépare la guerre ! Cette maxime romaine (que chacun est libre de critiquer), est de celles sur lesquelles les gestionnaires financiers appuient leurs stratégies. Ou pas. Dans cet esprit, le patron de la recherche macroéconomique de la Banque Saxo, Christopher Dembik, a repris comme chaque année dans un opus baptisé Outrageous Prédictions, les scénarios du pire élaborés par les spécialistes de la banque qui tablent sur une véritable "économie de guerre".
Macron lâche tout
Son scénario français ? Premier choc ! La fin du règne du président Macron, confronté aux vétos de l'opposition dans ses projets de réformes, alors qu'il n'a plus de majorité absolue au Parlement français. "Confronté à une forte opposition de l'alliance de gauche Nupes et du Rassemblement national d'extrême droite de Marine Le Pen, le gouvernement n'a d'autre choix que de faire passer les grandes lois et le budget 2023 par un décret accéléré - déclenchant l'article 49.3 de la constitution", conte-t-il dans ce bref essai. Une méthode peu populaire… "Macron décide de manière inattendue de démissionner au début de 2023. Dans une allocution télévisée, il critique la position de blocage absolu de l'opposition et annonce qu'il se retire de la politique. Alors que la France se prépare à une nouvelle élection présidentielle, Macron décide de réaliser son rêve de longue date : créer une start-up." D'où un nouveau round électoral, l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite ? Et, du point de vue des marchés, un euro qui trébuche ? Non, c'est l'inverse qui se produit avec l'arrivée au pouvoir en France d'une coalition antipopuliste inédite. L'euro finit par repartir et le rendement des obligations françaises finit par s'aligner sur celui des Bunds allemands… Délire d'économiste ? Par le passé, des prévisions chocs de Sax Bank se sont avérées. Quelques-unes, en tout cas.
L’or au-delà de 3 000 dollars
Ole Hansen, responsable de la stratégie des matières premières chez Saxo, songe que 2023 pourrait être l’année durant laquelle les marchés financiers pourraient être confrontés à une inflation intense et continue. Et cela, alors que les banques centrales sont en plein mouvement de resserrement des taux d’intérêt pour lutter contre ce phénomène. Pour éviter un choc trop intense sur les marchés financiers, elles doivent remettre en service des mesures non conventionnelles qui ressemblent de facto à un nouvel assouplissement quantitatif, ce qui déséquilibre à nouveau le marché des changes.
Et pour ne rien arranger, la Chine relâche totalement sa politique "zéro Covid" et l’assortit d’un nouveau vaccin très efficace. Ce qui fait redémarrer brutalement l’économie chinoise et fait flamber les matières premières sous l’effet d’une demande inattendue. L’inflation redémarre de plus belle… L’or retrouve son statut de valeur refuge et dépasse le cap des 3 000 dollars l’once. L’indice des mines d’or cotées quadruple de valeur.
Les économistes de Saxo Bank ont de l’imagination. Certains voient l’émergence de tendances lourdes de sens. L’un voit qu’un pays décide d’interdire la production de viande, après l’avoir fortement taxée. L’autre tente d’anticiper les effets d’un nouveau référendum au Royaume-Uni, destiné à annuler le Brexit. Steen Jakobsen, lui, définit un scénario où le problème de l’inflation est pris en main par des gouvernements. Il imagine un contrôle total des prix à la consommation de l’énergie, la faillite des fournisseurs et leur nationalisation. Possible ? Cela réglerait une partie du problème.
Préparer l’imprévisible ?
Les "cygnes noirs" ou événements improbables statistiquement, sont toutefois… imprévisibles par nature, rappelle Frank Vranken, Chef économiste à la Banque Edmond de Rothschild. "Mais en laissant aller son imagination, on peut effectivement voir des scénarios susceptibles de surprendre. Comme un regain d'inflation l'année prochaine après un tassement initial. Ou une flambée du baril de pétrole brut consécutif à une pénurie de production elle-même liée au manque d'investissement des producteurs en phase de réorientation vers les énergies renouvelables. Quels seraient les effets d'un baril à 150 dollars ? Que penser du risque en période de remontée des taux d'intérêt du coût de l'énorme dette des Etats, alors que les entreprises ont profité des taux bas pour restructurer leurs bilans ? Et puis, il y a les risques géopolitiques. Ils ne sont pas neufs, mais Taiwan reste au centre de l'attention de la Chine, où sont produits quantité de composants électroniques indispensables à nos industries." Les économistes aussi font parfois des cauchemars.