Biotech, immobilier, numérique... Ces secteurs qui ont plombé l'année boursière 2022
Le bilan annuel global est négatif en raison de la remontée des taux d’intérêt.
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- Publié le 26-12-2022 à 20h00
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L’année boursière qui se termine, cela n’aura sans doute pas échappé aux détenteurs de portefeuilles, ne restera pas dans les mémoires comme un cru d’exception. À quelques jours de l’an neuf, l’indice Bel 20 qui mesure les performances des 20 plus belles valeurs cotées à Bruxelles, affiche un recul sur l’année de 13,50 %. Il se situe actuellement autour de 3 700 points, après avoir culminé l’an passé à 4 414 points.
La cause essentielle de ce retournement est attribuable au retour des taux d’intérêt positifs, après un épisode de taux négatifs qui seront encore largement commentés dans les années à venir. La période dite “TINA” (“there is no alternative”) passée, les investisseurs ont pu recommencer à accumuler des obligations et sortir en partie des actions. Ce qui explique la correction actuelle.
Le palmarès des membres du Bel 20 est-il aussi négatif que celui de l’indice ? Non, on y trouve de belles surprises, comme la fermeté d’Elia Group, distributeur d’énergie qui termine l’année sur une avance de 16,50 %. Suivent, la biotech ArgenX, AB InBev et le groupe D’Ieteren. Le gros du peloton fait moins bonne figure, avec en guise de lanterne rouge VGP, qui avait pourtant brillé l’an passé, et termine sur un score de -68 %. Même évolution pour le holding Sofina (-52 %) dans le cadre du dégonflement de la bulle des participations non cotées (Private Equity) après deux années d’excès. Proximus n’est pas à la fête non plus avec un recul de 48 %, mais c’est le cas du secteur télécoms à l’échelle mondiale. Colruyt paie pour sa part le prix d’une philosophie d’entreprise tournée vers le personnel et les clients, en pleine crise inflationniste. Les SIR (sociétés immobilières cotées) sont aussi très affectées par la hausse des taux. Cofinimmo (-41 %), WDP (-37 %) et Aedifica (-34 %) donnent le ton des performances des autres SIR cotées chez nous, seule Befimmo affichant en 2023 une hausse de 42 % à la suite d'un rachat par un groupe canadien.
Exmar et Euronav en vedette
Hors indice, nous indique Xavier Servais de la société de conseil en investissement Delande, “on trouve de très belles surprises comme Exmar (+110,24 %), qui a bénéficié du regain d’intérêt pour le gaz liquéfié. Euronav a également bénéficié du contexte de hausse des prix du fret dans le transport pétrolier, mais aussi de rachats d’actions dans le marché par la famille Saverys qui s’oppose à la fusion programmée avec le groupe norvégien Frontline”. Parmi les gagnants de l’année, Xavier Servais pointe encore Barco qui a connu un redémarrage des ventes spectaculaire en début d’année, et dont la division projecteurs cinéma bénéficiera de la cessation de ces activités chez Sony.
Année infernale pour les biotechs
Le spécialiste des valeurs belges retient aussi les belles performances de Deme (+18,60 %) et de KBC Ancora (+18 %) qui font partie de ses valeurs favorites pour 2023. “Deme s’inscrit dans un secteur porteur grâce aux plans de relance dédiés à la promotion de l’énergie éolienne, secteur dans lequel elle se taille une très belle part. KBC Ancora pour sa part reste l’actionnaire principal du groupe KBC et présente actuellement une décote de 26 % par rapport à la valeur intrinsèque de son portefeuille, alors que le secteur bancaire va profiter de la hausse des taux d’intérêt.”

Les biotechs cotées chez nous comme ailleurs ont subi les affres d’un retournement du marché, tout comme ce fut le cas ces derniers mois pour les valeurs technologiques. Le coup d’arrêt brutal des flux de capitaux vers les actifs à risque a eu raison de ce qui ressemble à une bulle spéculative. Reste que les projets portés par ces entreprises conservent leur potentiel malgré un risque intrinsèque important. La plus mauvaise performance du secteur reste celle d’Oxurion (ex-Thrombogenics) qui a perdu cette année un peu plus de… 99 % de sa valeur. Celyad a plongé de 86 %, Biosenic de 85 %, Biocartis de 83 %.
Une période compliquée pour tout le monde, pas seulement Bruxelles
La contre-performance de l’indice Bel 20 n’est pas un cas isolé. Les principaux indicateurs de tendance mondiaux ont accusé le coup à la suite de la remontée des taux d’intérêt orchestrée par les grandes banques centrales en vue de contrer la montée de l’inflation.
En Europe, évidemment, les reflux de capitaux sont aussi en partie liés au conflit en Ukraine. Mais Paris a quand même réussi à limiter la casse par rapport à Bruxelles en affichant un recul de 9 % sur l’année écoulée. Chez nos voisins, c’est le secteur du luxe qui a servi de bouclier aux portefeuilles boursiers, grâce à l’engouement des pays d’Asie pour les produits de grandes marques, et au développement par ces enseignes durant les confinements, de sites de vente en ligne. L’indice Dax de la Bourse allemande montre pour sa part un recul annuel de 16 %, en raison de son exposition à la crise de l’énergie, et à une chute de certains secteurs, dont l’immobilier. L’Eurostoxx 50 montre une performance globale de 11,20 %.
Aux États-Unis, si le Dow Jones des valeurs traditionnelles a reculé de 8,6 % seulement, le Nasdaq consacré aux technologiques a pour sa part chuté de 33 %, emporté par les poids lourds de l’économie numérique. Les grands indices représentatifs des marchés émergents montrent une baisse autour de 22,50 %, largement expliquée par la chute des marchés boursiers chinois. L’indice MSCI qui regroupe les différentes places chinoises est en perte de près de 25 % sur l’année.