"Les risques d'une grave récession restent faibles, la situation des marchés financiers n'est pas comparable à 2008"
Les obligations, avec la hausse des taux d’intérêt, retrouvent un attrait dans les portefeuilles diversifiés.
Publié le 05-02-2023 à 16h14
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Ce n'est un secret pour personne : l'offre de monnaie a augmenté de façon exponentielle durant la pandémie. Les initiatives conjointes des banques centrales et des gouvernements ont créé un excès de liquidité. Il fallait donc s'attendre à une reprise de la consommation lorsque l'économie rouvrirait. Ces dépenses allaient alors provoquer un retour de l'inflation. "Aujourd'hui, les banques centrales arrêtent leurs injections de liquidités dans l'économie et c'est une bonne chose. Cela signifie qu'il y a une lumière au bout du tunnel de l'inflation", estime Carlo Putti, spécialiste taux chez M&G Investments. On peut donc s'attendre à une inflation moindre en 2023.
"La deuxième bonne nouvelle, c'est que les risques d'une grave récession restent faibles. La situation des marchés financiers n'est pas comparable à celle de 2008. En effet, il y a des liquidités dans le système financier. Le pourcentage du remboursement des dettes des ménages est inférieur à celui de 2008. Et, surtout, les dettes sont à taux fixes et non plus à taux variables comme en 2008", ajoute Carlo Putti. L'économie est donc plus résiliente qu'en 2008.
Les entreprises affichent aussi une meilleure santé financière. Elles disposent, en moyenne, de beaucoup de liquidités. Les exigences de refinancement à court terme ne sont pas tellement importantes. La plupart des grandes entreprises de qualité (investment grade) s'étaient endettées à des taux d'intérêt bas sur des périodes assez longues. Elles ne doivent donc pas se refinancer aujourd'hui à des taux plus élevés. "Nous estimons qu'il y a des opportunités à saisir sur le marché des obligations d'entreprises en raison de la volatilité de ce marché. En effet, on a assisté à des distorsions (comme en Grande-Bretagne, récemment) qui ont permis d'acheter à des conditions intéressantes sur le marché secondaire", avoue ce gestionnaire. Les récentes actions de délestage des banques centrales offrent aussi des possibilités d'achats sur les marchés obligataires. Sur les marchés primaires, de nouvelles opportunités se présentent également avec des primes intéressantes.
Sociétés financières
Dans un marché obligataire qui reprend des couleurs, quels sont alors les secteurs à privilégier ? "Pour notre part, nous avons augmenté notre exposition sur les sociétés financières dès 2022 et nous continuons à surpondérer ce secteur en portefeuille. En effet, en général, les sociétés de ce secteur sont assainies. La réglementation est plus exigeante en termes de fonds propres et de liquidité. La hausse des taux d'intérêt favorise aussi le secteur financier", estime Carlo Putti. Au niveau géographique, ce gestionnaire avoue sa préférence pour les États-Unis. Ce marché bénéficie d'une économie plus large et plus résiliente. "Nous reconstruisons néanmoins des positions en Europe en raison de la politique de la Banque centrale européenne. Nous avons une préférence pour l'Italie, l'Espagne et la France", confirme Carlo Putti.
Avec la hausse des taux d’intérêt, les obligations feront sans aucun doute leur retour dans les portefeuilles. Elles redeviennent une alternative dans les placements, ce qui n’était plus le cas durant les années précédentes.