Revue Boursière : Comme un rappel de la crise de 2008
Le secteur bancaire a été durement éprouvé en Bourse suite aux déboires des banques américaines et du Credit Suisse.
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Publié le 17-03-2023 à 17h40 - Mis à jour le 17-03-2023 à 18h31
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Il faudra quelques jours encore, sans doute jusqu’à l’échéance du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) la semaine prochaine, pour que les opérateurs financiers retrouvent une certaine sérénité. C’est en effet mercredi prochain que la Fed devrait annoncer la prochaine hausse de ses taux directeurs. Et l’on espère que, comme l’a fait cette semaine la Banque centrale européenne (BCE), la Fed maintiendra le cap, sans fléchir, en dépit de la crise qui a secoué ces derniers jours le monde bancaire américain. C’est que ce secteur est entré dans une phase de fébrilité intense liée à la hausse des taux d’intérêt. Depuis le début de l’année, les investisseurs ont plébiscité les valeurs financières en raison de la reconstitution de leur marge d’intérêt, gage de revenus récurrents.
Hélas, la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) et le dérapage de la First Republic Bank (FRB), ont rappelé toute la fragilité d’un secteur qui doit pour survivre, conserver la confiance de ses clients. L’intervention des autorités financières, puis de 11 des plus grandes banques américaines, pour rassurer les clients de SVB sur la disponibilité de leurs fonds et ceux de FRB sur la solvabilité de leur banque, a toutefois calmé le jeu aux États-Unis. Les investisseurs ont cependant redécouvert à la lumière de ces événements, l’impact énorme de la hausse rapide des taux d’intérêt sur le bilan des banques, en tout cas pour leur partie obligataire. Et puis, comme nous le rappellent plusieurs experts, aucune banque n’est assurée contre les retraits massifs des avoirs de sa clientèle.
Scénario de type Fortis
Le “bank run”, magnifiquement expliqué dans le film Mary Poppins, ne date donc pas d’hier, mais est toujours d’actualité. On en a d’ailleurs fait l’expérience chez nous aussi cette semaine, avec la chute brutale des actions du Credit Suisse renfloué par la Banque nationale suisse pour éviter la panique. On évoque un scénario de sauvetage qui passerait par une intégration dans un autre groupe bancaire. UBS est cité, ce qui fait curieusement songer au scénario Fortis, Credit Suisse étant une banque dite systémique. En Bourse, l’action Credit Suisse fait des sauts de carpe. Aux États-Unis, comme pour pouvoir faire face à toute éventualité, les banques ont emprunté 164,8 milliards à la Fed cette semaine. C’est plus qu’au moment de la crise financière de 2008…
Spectre de crise
Ces différents incidents ont très lourdement affecté les valeurs bancaires qui figurent donc au premier rang des victimes boursières de la semaine avec une chute de 10,61 % de l’indice Stoxx 600 du secteur bancaire. Et ce n’est là qu’une moyenne qui cache des écarts bien plus inquiétants comme les chutes de Crédit Suisse (-25 %), Banco Sabadell (-20 %), Commerzbank (-18 %), Société Générale (-18 %), BNP Paribas (-15 %) ou encore ING (-14 %) et KBC Group (-10 %). Sachant que les banques pèsent près de 10 % dans l’indice Stoxx 600 européen, ce dernier a connu une déprime qui s’est propagée à tous les secteurs cotés. Presque tous, devrait-on dire, puisque les secteurs défensifs traditionnels ont été recherchés, les pharmas, les services aux collectivités (utilities), … Tout comme les valeurs refuges, l’or et les obligations. Ces derniers actifs ont été demandés jusqu’à en faire augmenter les prix, ce qui a eu pour effet de faire redescendre les rendements de manière significative. Suffisamment pour redonner du tonus aux technologiques, le malheur des uns faisant souvent le bonheur des autres. À New York, et c’est ce qui a permis aux indices d’annuler leurs pertes hebdomadaires, on a vu bondir AMD (+16,9 %), Microsoft (+13,2 %), Alphabet (+12,3 %) ou encore Intel (+10 %).
Pressions en vue ?
La remontée des taux menée par les banques centrales n’est pas terminée même si les opérateurs imaginent un pic dans les deux ou trois mois à venir. Cette semaine, Christine Lagarde, la tête de la BCE, l’a répété, l’inflation est plus élevée qu’estimé, ce qui justifie la fermeté en matière de politique monétaire. Chez nous comme aux États-Unis, l’inflation sous-jacente reste trop ferme, et la santé de l’économie trop bonne pour imaginer un proche épisode de récession. On l’a pourtant évoqué ces derniers jours, alors que le baril de pétrole brut baissait, entraînant à sa suite les géants du secteur. Mais ce serait oublier qu’en arrière-plan, l’économie chinoise est en plein redémarrage.