Comment protéger ses actions en portefeuille : voici plusieurs stratégies
Certains conseilleront d’avoir recours aux obligations liées à l’inflation.
Publié le 20-03-2023 à 20h10
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Lorsque les risques ont été cernés, il existe des moyens pour s'en prémunir ou pour se couvrir. Différents outils sont utilisés par les gestionnaires de fonds pour limiter le risque en portefeuille. Mais au-delà de ces techniques de couverture, il y a aussi quelques conseils à suivre pour ne pas s'exposer de façon trop importante. Dans la partie obligataire d'un portefeuille, le principal risque aujourd'hui est l'inflation. L'inflation est un ennemi tapi dans l'ombre qui vient rogner les rendements réels. "Dans un scénario d'inflation, il faut éviter les maturités longues comme 30 ans, par exemple. En effet, cela n'a pas de sens de se positionner sur du long terme alors que l'on n'est pas rémunéré. On peut alors effectuer des arbitrages entre les différentes maturités en portefeuille", explique Nicolas Forest, Global Head of fixed income chez Candriam.
Certains conseilleront aussi d’avoir recours aux obligations liées à l’inflation. Cependant, ce type d’investissement est surtout préconisé lors des anticipations d’inflation. Aujourd’hui, on est plutôt dans une phase de reflux de l’inflation. Mais si l’on pense que le scénario penche vers une accélération de l’inflation, alors on peut se tourner vers ce type de placement.
Dans la classe obligataire, pour limiter les risques, il faut bien analyser les débiteurs en ce compris les états. On a pu le constater en 2022 avec les emprunts russes. On peut s’attendre aussi à une hausse des taux de défaut dans les obligations à haut rendement. Plus que jamais, il convient donc de faire une analyse fondamentale des émetteurs en étant conscient des facteurs de risque liés à chacun.
Et, parmi ces risques, il faut cerner également les risques ESG. Une autre façon de protéger le portefeuille est d’éviter les "mono-stratégies". On parle de stratégie "long" quand on achète des titres pour les conserver en espérant faire une plus-value en les revendant. La stratégie "short" se dit lorsque le gestionnaire pense que l’action va baisser et qu’il entend profiter de la baisse de cette action en l’empruntant aujourd’hui pour la vendre à terme, par exemple. Le gestionnaire espère alors pouvoir profiter de la baisse du titre.
Diversifier ses techniques de couverture
Il est possible de combiner ces deux types de stratégies. "Pour notre part, nous combinons plusieurs types de stratégies de gestion. Nous sommes long en actions avec de fortes convictions sur le long terme. Nous nous donnons aussi la possibilité d'activer des positions short directionnelles. Nous arbitrons aussi des inefficiences de marchés sur les fusions et acquisitions. Nous avons également mis en place des techniques de couverture contre les risques macroéconomiques extrêmes à travers des produits dérivés sur les indices ou les matières premières, par exemple", détaille David Mellul, Directeur Général chez Varenne Capital Partners.
Comme on peut le constater, il convient de diversifier ses avoirs et ses techniques de couverture. La diversification est un des meilleurs outils de couverture. "C'est la règle numéro un pour se couvrir contre les risques. Même si cela ne marche pas toujours, comme on a pu le constater en 2022. Il est important de maintenir une vision globale du portefeuille et de faire très attention aux corrélations qui peuvent s'y installer. Les corrélations ne sont pas stables et il faut donc être vigilant", conseille Patrick Moonen, Stratégiste chez Goldmann Sachs Asset Management.
La vigilance passe aussi par une attention portée à la taille des positions en portefeuille. "Il faut éviter qu'une position ne prenne trop d'importance en portefeuille. Il faut être attentif à ce que le portefeuille soit toujours bien équilibré. Il faut aussi analyser la liquidité de ses positions. Parfois, le manque de liquidité peut aider les gens à se couvrir en leur évitant de vendre quand tout descend. Il faut bien reconnaître que le fait ne pas pouvoir vendre est aussi parfois une forme de protection contre des comportements impulsifs", note Wim Nagler, Directeur des ventes BeLux chez Schoders. Une façon efficace de se protéger contre les risques est de garder la tête froide pendant les fortes baisses des marchés. Un comportement serein sera alors la meilleure des protections quand les marchés dévissent de façon brutale.
Derniers conseils de pros
Voici quelques conseils des quatre gérants en présence pour éviter de se laisser surprendre par les risques en portefeuille. David Mellull : “On est rémunéré pour le risque que l’on prend. Il faut donc voir comment la performance est générée. Il faut aussi se poser la question de savoir quel risque cette performance a engendré”.
Nicolas Forest : “Un bon gérant est un bon risk manager. Il faut toujours analyser le couple rendement/risque dans un placement. Les risques sont nombreux. Il y a des risques macroéconomiques, des risques fondamentaux mais aussi des risques de responsabilité sociale et environnementale. Ces derniers ressurgissent avec plus d’acuité. Il faut les intégrer dans la gestion d’un portefeuille”.
Patrick Moonen : “Soyez réalistes dans vos attentes. Veillez à diversifier vos avoirs, c’est la meilleure protection en portefeuille. Et, surtout, apprenez à faire jouer le temps en votre faveur”.
Wim Nagler : “Fixez-vous un objectif de placement dans le calme et suivez cette trajectoire aussi quand les marchés baissent fortement. Il faut éviter de vouloir faire quelque chose à tout prix quand les marchés montent ou baissent”.