"Celui qui laisse son argent sur un compte perd du pouvoir d’achat avec l’inflation"
L’analyse des risques en matière d’investissement doit tenir compte désormais d’une vision claire des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Publié le 21-03-2023 à 12h17 - Mis à jour le 21-03-2023 à 12h20
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Trop souvent, les investisseurs sont focalisés sur le rendement de leurs placements. Ils oublient de regarder à quels risques ils sont exposés. Dans le jargon financier on parle de couple rendement/risque. La composante risque est donc essentielle dans une analyse de portefeuille. “Dans l’environnement actuel, le principal risque est l’évolution de la croissance économique et la direction que prendra l’inflation. Cela aura un effet direct sur la rentabilité des sociétés. Par ailleurs, le niveau de l’inflation déterminera aussi la politique en matière de taux d’intérêt des banques centrales”, rappelle Patrick Moonen, Stratégiste chez Goldman Sachs Asset Management.
Il faut reconnaître qu’après une longue période de taux d’intérêt faibles voire négatifs, le retour de la hausse des taux emmène les investisseurs dans un nouvel environnement. Cette situation demande alors une autre approche dans la composition des portefeuilles. L’analyse des risques se base sur des projections, des scénarios. “Aujourd’hui, le scénario économique penche pour un atterrissage en douceur de l’économie avec des taux d’intérêt raisonnables et une ouverture du marché chinois. Mais, si cela ne se passait pas comme cela, si les taux américains commençaient à grimper plus vite, peu de scénarios tiennent compte de cette possibilité. Or, cela pourrait affecter des marchés financiers déjà fragiles”, souligne Wim Nagler Directeur des ventes en Belgique et au Luxembourg chez Schroders.
L'inflation en épouvantail
Mais appréhender les risques en portefeuille ne signifie pas pour autant être constamment pessimiste. “On peut se permettre d’être optimiste. On constate aujourd’hui que l’environnement économique et financier se normalise. On a évacué un certain nombre de risques systémiques. La consommation se porte bien et, si l’environnement est encore fragile d’un point de vue géopolitique avec une inflation élevée, on en revient à des risques primaires d’investissement”, relève David Mellul, Directeur Général chez Varenne Capital Partners.
Il est évident qu’aujourd’hui, le risque principal relevé par les stratégistes et économistes est celui de l’inflation. Mais si l’on prend un peu de hauteur, on constate que, quelle que soit la situation des marchés et de l’économie, il y a des risques inhérents aux investissements. “Le premier risque que nous entrevoyons est celui de ne pas être investis. Celui qui laisse son argent sur un compte perd du pouvoir d’achat avec l’inflation. Aujourd’hui, on est revenu à des niveaux de valorisation en actions et en obligations qui sont corrects. Les taux d’intérêt sont aussi revenus à des niveaux décents”, ajoute Nicolas Forest, Global Head of fixed income chez Candriam.
En marge de ces risques, il convient aussi de mentionner le risque fondamental ESG (pour environnement, social et gouvernance). Aujourd’hui, l’investisseur qui ne se préoccupe pas de ces critères dans le choix de ses investissements prend aussi des risques. Les Etats ou les entreprises qui ne suivent pas une politique de bonne gouvernance, de respect de l’environnement ou des normes sociales s’exposent à des risques de réputation mais aussi financiers lorsqu’il faut réparer les dégâts causés par de mauvaises pratiques.
Globalement, l’investisseur doit donc être conscient des problèmes qui peuvent survenir. Qu’ils soient macroéconomiques comme l’inflation et la récession ou qu’ils soient géopolitiques, comme un conflit armé aux portes de l’Europe, ces éléments auront des répercussions sur le rendement de ses placements. Au-delà de ces grands risques exogènes, il doit aussi analyser la solidité financière du secteur d’activité et de l’entreprise dans laquelle il investit. Le comportement durable ou non de la société déterminera aussi une série de risques pour l’investisseur. Mais ces risques doivent être analysés en relation avec le rendement que le placement procure. Ces risques peuvent aussi faire l’objet de couverture, sachant que, comme pour une police d’assurance, toute couverture a un coût. Et ça, c’est l’affaire des professionnels de la gestion !