Pourquoi les marchés boursiers résistent en dépit des turbulences bancaires
Les principaux indices européens ont pris plus de 1 % durant la semaine écoulée, en dépit du recul généralisé de ce vendredi.
Publié le 24-03-2023 à 20h09
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La Banque centrale européenne (BCE) avait opté pour maintenir le cap du resserrement monétaire en fin de semaine précédente, et la Réserve Fédérale américaine (Fed) lui a répondu cette semaine avec une hausse de 0,25 % de son taux directeur. Les grands argentiers restent visiblement convaincus que les difficultés rencontrées par certains groupes bancaires ne sont (pour le moment) pas symptomatiques d’un malaise plus général dans le système financier international. Lutter contre l’inflation reste donc prioritaire, même si cela signifie de devoir ponctuellement intervenir pour soutenir un acteur en difficulté.
Hausse généralisée
Dans ce contexte, les marchés boursiers ont terminé la semaine sur des gains appréciables, en dépit des reculs encaissés durant la séance de vendredi : +0,7 % pour l’indice Bel 20, +1,3 % pour le Dax et le CAC40 et même +1,6 % pour l’Euro Stoxx 50, l’indice des grandes capitalisations de la zone euro. Karen Ward, Chief Market Strategist de JPMorgan Asset Management, soulignait cette semaine que s’il est difficile d’avoir totalement confiance dans une sortie pour le secteur financier, “les banques centrales ont été très rapides pour intervenir et limiter la portée des problèmes. En outre, le système financier international est moins vulnérable qu’en 2008”.
Au niveau des perspectives économiques pour les prochains trimestres, Karen Ward estime également que l’Europe s’est très bien comportée face au risque posé par la crise énergétique. “Les particuliers et les entreprises ont fortement réduit leur consommation tandis que l’hiver a été peu rigoureux. Les stocks de gaz naturel sont aujourd’hui sur des niveaux nettement plus élevés qu’à la même période de 2022, de sorte que l’Europe ne devrait pas non plus avoir de problème d’approvisionnement pour le prochain hiver”.
Au vu de ce contexte économique et d’une inflation qui devrait durablement se stabiliser sur des niveaux plus élevés que durant la dernière décennie, Karen Ward estime que l’allocation d’actifs doit aujourd’hui privilégier les obligations d’entreprises ainsi que les actions affichant des valorisations attractives. “Dans ce contexte, l’Europe devrait bénéficier des améliorations institutionnelles réalisées durant les dernières années (notamment à la suite de la crise du Covid puis de l’invasion de l’Ukraine), qui devraient soutenir une croissance économique plus rapide dans le futur. Je ne pense pas que les investisseurs internationaux aient déjà pleinement intégré ce scénario dans leur allocation vers les actions européennes”.
Opération de croissance
L’actualité de la semaine écoulée aura surtout été marquée par diverses opérations touchant directement ou indirectement les valeurs cotées à Bruxelles. Telenet a bondi de près de 40 % sur la séance de mardi à la suite de l’annonce d’une OPA par son actionnaire de référence Liberty Global au prix de 22 euros par action. Les analystes estiment généralement qu’il sera difficile d’obtenir un prix beaucoup plus élevé, et Degroof Petercam recommande même d’accepter le prix proposé même si celui-ci reste loin de celui qui avait été offert il y a 10 ans (35 euros par action à l’époque). De son côté, Proximus a terminé en progression de 6 % sur la semaine écoulée, après avoir annoncé l’acquisition de l’opérateur en difficulté EDPNet.
De son côté, Colruyt a bondi de 13 % durant la séance de mercredi, grâce à l’annonce de la vente de ses activités dans l’éolien offshore (Parkwinds) au groupe japonais Jera Green. La plus-value dégagée devrait toutefois être réinvestie dans le financement de nouveaux projets exposés sur la transition énergétique plutôt que dans un dividende extraordinaire aux actionnaires, ce qui explique le refroidissement pris par le cours durant les deux dernières séances. Colruyt limite finalement son gain hebdomadaire à 2,4 %