Est-ce le bon moment pour investir en obligations?
Les placements obligataires reprennent des couleurs après des résultats désastreux en 2022.
Publié le 27-03-2023 à 08h58
:focal(2491x1669:2501x1659)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7BWHAP742FFAJOI43OF43EIRYU.jpg)
Depuis le début des années 2000, on peut épingler trois moments-clefs qui ont particulièrement marqué les marchés de la dette. Entre 2000 et 2008, l'inflation était sous contrôle, la qualité des émetteurs était au rendez-vous et les coupons étaient plutôt généreux. "En 2008-2009, la crise financière a été suivie par une politique de taux très bas menée par les banques centrales, et ce, jusqu'à la fin de 2021. Ces taux bas devaient favoriser la relance de l'économie en facilitant le financement des investissements à des conditions attractives. Cette période a été favorable aux actifs risqués mais, pour les obligations, ce fut la traversée du désert car le risque obligataire était mal rémunéré", constate Alex Goldwasser, gérant-associé chez Goldwasser Exchange.
Aujourd'hui, nous sommes entrés dans une nouvelle ère pour les placements obligataires. Lors de l'apparition des premiers signes d'inflation, on pensait que ce phénomène allait être temporaire. Aujourd'hui, on constate que l'inflation est là pour un certain temps. Les banquiers centraux ont alors réagi par des hausses de taux d'intérêt. "Cela a des répercussions sur l'économie et les marchés. Ces taux plus élevés calment le jeu. Mais ils offrent aussi des opportunités aux investisseurs obligataires", estime Alex Goldwasser. Pour les nouvelles émissions, les coupons sont en effet plus élevés. "Le coupon fait son grand retour ! Après le tournant en 2022, le retour de l'inflation et la contre-attaque désespérée des banques centrales sous la forme de hausses record des taux d'intérêt en très peu de temps, les obligations nouvellement émises seront à nouveau assorties d'un coupon appréciable. Les obligations en euros avec une notation de qualité, par exemple, les obligations d'État allemandes, ont à nouveau un coupon de 2 %. Les entreprises notées BBB offrent même 4 % et plus", note Volker Schmidt, Senior Portfolio Manager chez Ethenea Independent Investors.
Obligations existantes
Dans les portefeuilles, les obligations existantes ont perdu de la valeur. En effet, lorsque les taux remontent, le cours des émissions existantes baisse puisqu'elles présentent un rendement plus faible que les nouvelles émissions. Mais, pour ceux qui sont à l'achat, cette situation peut présenter des avantages. En effet, en raison de cette décote, il est possible d'acquérir des obligations émises il y a un an ou deux avec des taux faibles mais qui affichent une forte décote. "Bien sûr, le rendement annuel de ces obligations sera plus faible mais n'oublions pas que ce rendement est taxé avec un précompte de 30 % dans notre pays. Or, la plus-value réalisée à l'échéance quand l'émetteur remboursera à 100 une obligation achetée, par exemple, à 60, ne sera pas taxée. Il y a donc un certain intérêt à diversifier son portefeuille obligataire dans ce type d'émissions", préconise Alex Goldwasser. L'investisseur doit donc être attentif au double rendement que peuvent offrir ses placements obligataires. "Des coupons élevés ne sont pas nécessairement plus intéressants que des obligations avec des coupons faibles mais des prix bas. Pour l'investisseur, il ne devrait pas être important de savoir si son rendement consiste en coupons ou en gains de valeur", ajoute Volker Schmidt.
Selon les représentants de Goldwasser Exchange, il est aussi nécessaire de diversifier les échéances en portefeuille. Si les hausses de taux d’intérêt devaient ralentir ou s’arrêter, il aura été opportun de bloquer des taux relativement attrayants sur des périodes plus longues.
Risques et diversification
L’investisseur obligataire court une série de risques : taux de défaut de l’émetteur, risque de taux d’intérêt et le risque de change. Faut-il pour cela se limiter aux émissions en euros ? “Il faut diversifier son portefeuille entre les classes d’actifs mais aussi entre les devises. En effet, les émissions en dollars présentent des attraits certains. Elles offrent des rendements intéressants et la devise est supportée par la première économie mondiale. Il faut donc diversifier son portefeuille obligataire dans tous ses aspects : émetteurs, ratings, durées et devises”, estime Alex Goldswasser.