Scission d’Alibaba : bonne affaire ou cadeau empoisonné ?
L’attribution éventuelle de parts de branches du groupe en cours de scission pourrait avoir un impact fiscal désagréable pour les actionnaires belges.
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Publié le 29-03-2023 à 15h15
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L’annonce mardi de la future scission des activités du groupe tentaculaire Alibaba en différentes entités a fait bondir le titre coté à la Bourse de New York (Nyse) de 14 %. Le marché devrait reprendre son souffle, les analystes n’ayant pas encore eu le temps d’évaluer les effets réels de cette stratégie qui va surtout permettre au conglomérat mis sur pied par son fondateur Jack Ma, de perdre en visibilité face au gouvernement chinois. Trop lourd, trop riche, trop puissant, signifie aussi “danger” aux yeux du Parti. On comprendra que la scission est surtout mise en marche pour rappeler qui est le vrai patron des entreprises chinoises.
Restructuration
On se souviendra que le parcours boursier d’Alibaba a été perturbé dès octobre 2020 par des tensions entre Jack Ma et le Parti dont il avait critiqué les orientations stratégiques, avant de… disparaître pendant quelques mois. Le temps, peut-on imaginer, de réfléchir à ses impertinences. Des sanctions avaient été prises à l’encontre du groupe et surtout, l’introduction en Bourse de son bras financier, Ant, avait été bloquée par les autorités financières chinoises. Voilà pour la toile de fond. Entre-temps, des remaniements ont été effectués pour rendre la direction plus en phase avec les lignes politiques du Parti. Et depuis, le titre avait perdu près des deux tiers de sa valeur, lesté par les différends commerciaux avec les États-Unis, la crise sanitaire, celle de l’approvisionnement, etc.
Scission, valorisation… taxation !
Bref, le plan actuel est de conserver les six activités existantes, mais de leur donner une plus grande autonomie en leur permettant de lever des fonds à leur guise, et même de se faire coter en Bourse en solo. Du point de vue des investisseurs, la réaction positive en Bourse de New York semble indiquer que pour l’heure, la valorisation des parties pourrait être supérieure à la valorisation de l’ensemble. Mais pour les investisseurs belges possédant des actions ou des certificats Alibaba, l’évolution du dossier devra être suivie de près, même si tout cela ne va pas se faire en quelques jours… Le risque est fiscal, nous explique un spécialiste de la gestion de portefeuilles.
Si des parts du groupe sont attribuées aux actionnaires belges, selon les cas, l’opération peut être considérée fiscalement comme un revenu mobilier et rabotée comme les dividendes d’actions par un précompte mobilier de 30 %. Dans les banques, en cas de doute quant à la qualification d’une telle opération, l’on conseille prudemment de vendre les actions, quitte à les racheter par la suite. Souvent les attentes de valorisation des opérations annoncées sont déjà inscrites dans les cours… Que faire dans le cas d’Alibaba ? Il est encore trop tôt pour décider d’une attitude spécifique, tant que l’on ne connaîtra pas la stratégie des filiales actuelles.