Dans les fonds gérés activement, les coûts de gestion viennent fortement grever la rentabilité
Un prélèvement important sur le long terme mais qui passe souvent inaperçu.
Publié le 15-05-2023 à 12h02
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Dans l'univers des fonds, il convient de distinguer les fonds gérés activement et les fonds indiciels qui se contentent de suivre un indice boursier sans s'en écarter. "Aujourd'hui, en Belgique, les fonds gérés activement représentent 300 milliards d'euros. L'investissement en ETF (Exchange traded funds) représente quinze fois moins", constate Matthias Baccino, directeur Europe chez Trade Republic. Les maisons de gestion prélèvent des frais pour la gestion active des fonds. Et c'est normal : tout travail mérite salaire.
Cependant, on constate que les investisseurs ne consultent pas souvent ce volet de leurs placements. Or, ces différents frais peuvent venir grever largement les performances. Plusieurs études ont été publiées pour montrer l'incidence de ces frais sur la rentabilité des placements. En marge de celle publiée par la FSMA, une étude récente et publique a été réalisée par SPIVA (S&P Indices versus Active). Les fonds actifs prélèvent en moyenne entre 1,50 et 2 % de frais de gestion annuels. Donc, tous les ans, il y a un prélèvement de cet ordre sur la valeur des fonds gérés. En revanche, ces frais se limitent à 0,3 % en gestion indicielle. "Cela signifie que, pour un investissement de 5 000 euros géré activement avec des frais annuels de 2 %, au bout de 25 ans, l'investisseur va payer au total 5 500 euros de frais soit, davantage que son investissement initial", relève Matthias Baccino.
Doublement pénalisé
Les investisseurs ne réalisent pas toujours cette incidence car les frais de gestion sont exprimés en pourcentage et non pas en montants réels. Il faut aussi qu'ils prennent la peine de consulter le prospectus simplifié d'émission du fonds (KID) qui mentionne le pourcentage de ces frais. "Personne ne veut le voir. Or, sur un montant de 300 milliards d'euros de fonds gérés activement, cela s'apparente au casse du siècle !", estime Matthias Baccino.
Certains gestionnaires actifs arguent alors que les fonds gérés activement apportent une plus-value à l'investisseur. "Mais ce n'est pas vrai. L'étude du SPIVA montre qu'environ 90 % des fonds actifs dégagent, en moyenne, de moins bonnes performances que les fonds indiciels sur des périodes d'un an, cinq ans et dix ans", pointe Matthias Baccino. L'investisseur est donc doublement pénalisé : il paie plus de frais pour obtenir une rentabilité, en moyenne, moindre. Cette incidence des frais est englobée dans la valeur nette d'inventaire (VNI) du fonds et l'investisseur ne voit pas clairement quelle aurait été la performance de son fonds sans ce prélèvement de frais. En marge de ces frais de gestion, il faut encore compter parfois des frais d'entrée qui ne se justifient plus vraiment à l'heure de la digitalisation.
Dans son étude la FSMA relève que "les coûts totaux peuvent représenter plus de 40 % de la plus-value réalisée. Il est donc très important de consulter la structure des frais dans un fonds avant d'y investir. On constate aussi que les frais dans les fonds mixtes (patrimoniaux) sont plus élevés que dans les fonds investis uniquement en actions." Les investisseurs ont donc intérêt à privilégier la gestion indicielle au moins pour leur cœur de portefeuille. Dans l'univers des fonds, il y a des moins bons mais ils sont souvent plus chers. "Si vous voulez activement perdre de l'argent, investissez dans des fonds actifs. Si vous voulez passivement gagner de l'argent, investissez dans des fonds indiciels", conclut Matthias Baccino.