Investissements durables : un réel impact sur la marche du monde ?
Palmarès des Sicav | La manière dont l’impact d’un investissement durable est envisagé diffère selon les maisons de gestion.
Publié le 20-05-2023 à 11h00
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Si j'investis dans telle ou telle société, cela va-t-il vraiment changer le monde ? Mon argent pèse-t-il sur les évolutions climatiques ou sociales ? Quel est le réel impact des placements durables ? La manière dont l'impact d'un investissement durable est envisagé diffère selon les maisons de gestion. "Pour notre part, quand on parle d'impact, nous le définissons comme un résultat réel dans la société. Nous rapprochons cette notion de celle d'investissement solidaire tel qu'il est défini en France. Cet impact se fait majoritairement vers des entreprises sociales de plus petite taille par l'intermédiaire du private equity ou de la dette privée. On peut aussi l'envisager sous forme d'une rétrocession des frais de gestion vers des projets dans l'économie sociale, par exemple", précise Nicolas Crochet, Confondateur de Funds for Good.
En France, pour répondre à ce besoin d’investissement à impact, il existe des fonds 90/10 permettant aux investisseurs d’investir à concurrence de 10 % dans des entreprises non cotées qui démontrent un réel impact sociétal ou environnemental. Ce type de fonds n’existe pas en Belgique.
Investir dans des entreprises pionnières
Selon ce point de vue, un investissement à impact ne pourrait, en principe, pas se faire via des sociétés cotées. En effet, lorsqu'on acquiert une action en bourse, on ne finance pas directement un projet à impact. On rétribue le vendeur de l'action. Cet avis n'est cependant pas partagé par tous les intervenants. "Nous considérons qu'en détenant une action d'une société, nous pouvons faire de l'engagement actionnarial en votant à l'assemblée générale. Ce vote peut être considéré comme un impact", estime Ophélie Mortier, Chief Sustainable Officer chez DPAM.
À travers le droit de vote, on peut se donner un objectif, voir où en est l'entreprise dans la réalisation de cet objectif et voter en conséquence. Dans ce cas, il faut distinguer l'impact généré par l'entreprise et l'impact généré par l'investisseur. "Lors des introductions en Bourse, on peut cependant estimer qu'on a un impact si les fonds levés par cette introduction serviront à financer des projets à impact environnemental ou social. Il faut également être conscients que, lorsqu'on acquiert un titre en bourse, on se positionne aussi sur les projets futurs de la société. Quand on achète un titre, on achète aussi des projets", ajoute Romain Avice.
L'investissement dans des petites et moyennes capitalisations permet aussi d'engager plus facilement un dialogue avec le management et de définir avec eux les points sensibles et des objectifs à atteindre.
Pour avoir de l'impact, on peut aussi investir dans des pionniers qui sont les premiers à développer des innovations en matière d'environnement ou d'avancées sociales. En acquérant les titres de ce type de sociétés, on participe à cette évolution positive. "Il y a aussi des placements spécifiques dans des sociétés cotées qui permettent d'avoir un impact direct. On peut relever ici les green bonds qui sont des obligations dont le produit doit servir uniquement à des projets environnementaux qui sont définis à l'avance. L'investissement dans des petites et moyennes capitalisations permet aussi d'engager plus facilement un dialogue avec le management et de définir avec eux les points sensibles et des objectifs à atteindre", note Romain Rouger, Director Sustainable Investment Analyst à la Banque J.Safra Srasin. Il est vrai que le dialogue est plus facile à engager auprès des plus petites sociétés que vis-à-vis des grandes compagnies.
En tant qu’investisseur, il faut aussi être conscient qu’il existe des risques à ne pas se préoccuper de critères ESG. Il convient d’intégrer ces facteurs dans une gestion de "bon père de famille". Une entreprise qui ne se préoccupe pas de ses externalités environnementales ou sociales risque d’en payer le prix à terme. Un gestionnaire analyse toujours le couple risque/rendement dans ses placements. Les risques ESG sont alors intégrés dans la gestion. Il y a sans cesse de nouveaux risques qui émergent et qui peuvent frapper la rentabilité des sociétés : sécheresse, inondations, grèves, accidents de travail,…
Les réglementations vont également se durcir et les externalités, quelles qu’elles soient, auront un coût pour les entreprises, un coût dont il faut tenir compte dès à présent.
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