L'Inde, un paradis pour les investisseurs. Vraiment ?
Libre Eco week-end | Le dossier. Les investisseurs mondiaux se concentrent généralement sur l'Inde principalement en raison de sa démographie, mais aussi pour ses baromètres stables.
Publié le 20-05-2023 à 10h05
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Les publications des économistes actifs dans le secteur financier évoquent depuis quelques années le potentiel du marché boursier indien comme celui de son économie. Mais les entrepreneurs étrangers qui veulent tenter l'expérience indienne se heurtent à de sérieuses barrières à l'investissement.
Dans un rapport destiné aux investisseurs, les experts de BNP Paribas notent que "les investisseurs mondiaux se concentrent généralement sur l'Inde principalement en raison de sa démographie, mais aussi pour ses baromètres stables, qu'il s'agisse d'inflation, de déficit budgétaire ou de croissance. Cependant, le pays a encore plusieurs lois restrictives sur les investissements étrangers, une bureaucratie excessive et des niveaux élevés de corruption". Les grosses entreprises qui veulent entrer sur ce marché le font donc le plus souvent au travers de sociétés conjointes (joint-ventures).
Le cas de Sofina
Un bon exemple est celui de la société d'investissement belge Sofina qui dispose de quelques belles participations au capital de sociétés indiennes non cotées (private equity). On pense notamment à la société Byju's, spécialisée dans les technologies de l'éducation en ligne. Sofina détient 5 % du capital de cette société prometteuse qui assure dispenser ses formations à… plus de 150 millions d'étudiants et revendique plus de 6 millions d'abonnements payants. Créée en 2011, Byju's a crû à grande vitesse, au travers de rachats et à l'aide de capitaux injectés par des investisseurs. En quelques années, l'entreprise est devenue un exemple du potentiel énorme des start-up capables de toucher un public de masse, notamment durant la pandémie qui a favorisé l'enseignement à distance.
Et pourtant, après avoir atteint des valorisations stratosphériques à près de 22 milliards de dollars sur base de la dernière mise de fonds, la société a perdu un peu de sa superbe. D'abord, après le temps des confinements, les analystes ont revu à la baisse la taille du marché adressable. Surestimation ? C'est sans doute le gros défaut de l'approche de tout investissement sur ce marché. Dysfonctionnements ? La croissance rapide du groupe a pesé sur sa capacité à présenter des résultats officiels cohérents dans les temps, et fait fuir certains investisseurs. Les autorités financières indiennes suivent le dossier de près.
Le potentiel reste présent
Une analyse publiée il y a quelques mois dans le Wall Street Journal résumait l'affaire en expliquant que le cas de Byju's est exemplaire de tout ce qui ne fonctionne pas en Inde dans le monde des entreprises. Mais le potentiel reste bien présent.
Et la Bourse de Bombay ? Elle fait rêver. L'indice BSE Sensex a progressé de 75 % sur les 5 dernières années, là où l'Eurstoxx 50 a pris 20 %. Mais ici aussi, nous explique un gestionnaire, "les barrières à l'entrée sont importantes. Pour un investisseur belge particulier, ce marché n'est accessible que par le biais de fonds d'investissement diversifiés ou par celui d'ETF (Exchange Traded Funds) alignés sur des indices de référence du marché boursier indien".