Fonds durables : s'informer correctement avant d'investir
Palmarès des Sicav | Voici quelques pistes pour éviter le greenwashing, c'est-à-dire des fonds qui se prétendent plus vertueux qu'ils ne le sont.
Publié le 21-05-2023 à 11h15
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L'univers des fonds durables est complexe. Il n'est pas toujours facile pour l'investisseur de savoir exactement où il investit. Voici quelques conseils pour s'y retrouver, pour avancer avec plus de lucidité dans l'univers des fonds durables et pour éviter le greenwashing, c'est-à-dire les fonds qui se prétendent plus vertueux qu'ils ne le sont. "La première chose que l'investisseur doit faire, c'est bien se connaître. Il doit d'abord définir son horizon de placement, le risque qu'il est prêt à prendre, ses objectifs d'investissement. On pourra alors définir son profil. Ensuite, il peut aussi délimiter dans quoi il ne veut pas investir, dans quels thèmes il veut être présent et ce qu'il veut générer comme impact", conseille Nicolas Crochet, Cofondateur de Funds for Good.
L’investisseur doit avoir une idée claire de ce qu’il veut. Est-ce qu’il désire que l’entreprise propose des produits ou services conformes à un ou plusieurs ODD (objectifs de développement durable) ou préfère-t-il qu’elle ait un comportement vertueux quel que soit le produit qu’elle fournit ? Dans ce domaine, il n’y a pas de bons ou de mauvais investisseurs. Chacun a sa propre sensibilité et ses attentes. Une fois que ce profil et ces exigences en termes de durabilité sont définis, l’investisseur peut voir si ses placements sont conformes à ses attentes.
Plusieurs instruments
Plusieurs instruments sont alors à sa disposition pour effectuer son choix. "Il y a d'abord les documents qui sont publiés par l'émetteur du fonds. Il s'agit de l'annexe précontractuelle et des rapports périodiques du fonds qui sont publiés annuellement et qui permettent de voir dans quoi le fonds est investi. Il faut aussi être conscient qu'avant d'acheter un fonds, on achète un gérant. Il faut alors prendre le temps d'aller consulter le site de la maison de gestion qui commercialise le fonds. On y trouvera la philosophie de gestion de cette maison et aussi, parfois, des vidéos avec des interviews des gérants", préconise Romain Avice, Gérant ISR chez DNCA Investments.
Par ailleurs, la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) est une réglementation qui vise à promouvoir la durabilité dans le secteur de la finance en Europe. Elle permet d'y voir plus clair dans l'univers des fonds durables. "Avant cette réglementation, c'était assez difficile de s'y retrouver. Aujourd'hui, il y a un langage commun, une direction commune. Les fonds sous l'article 6 ne répondent pas à des critères de durabilité. Les fonds de l'article 8 prennent en compte des critères ESG dans la sélection des valeurs. Les fonds qui répondent à l'article 9 s'engagent à investir de façon à avoir une contribution positive en lien avec les ODD. Cet article 9 est déjà une bonne garantie, on peut s'y fier en tant qu'investisseur", estime Robin Rouger, Director Sustainable Investment Analyst à la Banque J.Safra Srasin.
Des réglementations et des labels
En marge de cette réglementation, les labels émis par des organismes indépendants dans chaque pays peuvent aussi guider les investisseurs dans leurs placements durables. "La réglementation ne donne cependant pas une définition claire. Chaque maison de gestion a sa propre approche et sa méthodologie. Il y a encore une certaine hétérogénéité. Les labels sont plus affinés et offrent une vision plus claire des placements responsables. Dans ce domaine, le label belge Towards Sustainability publie beaucoup d'informations. On y voit, par exemple, clairement si un fonds investit ou non dans le nucléaire. Ce label est un véritable gage de garantie et les labels ont certainement de belles années devant eux", affirme Ophélie Mortier, Chief Sustainable Officer chez DPAM.
Il faut aussi être conscient que l’on a régulé les investissements avant de réguler les entreprises. Les entreprises ne fournissent pas toujours les informations nécessaires. Elles font aussi des annonces sur leur politique de durabilité mais ne s’y conforment pas toujours à terme. Beaucoup de données concernant la politique de durabilité des sociétés ne sont pas encore disponibles et cela peut mener à des accidents de parcours du style Orpea, VW ou BP. Il y a donc un effort à faire de la part de toutes les parties prenantes. Les sociétés doivent mieux communiquer sur leur durabilité. Les maisons de gestion devraient s’engager à fournir, avec un accès aisé, toutes les informations en matière de durabilité à l’attention des investisseurs.
Ces derniers doivent aussi s’informer et aller chercher ces données. Il faut bien reconnaître que, souvent, ils s’informent davantage avant l’achat d’un frigo qu’avant d’investir dans un fonds durable.
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