"L'inflation n'est toujours pas complètement sous contrôle"
La rentrée est l’occasion de refaire le point sur les marchés et sur les attentes jusqu’à la fin de l’année.
- Publié le 04-09-2023 à 10h06
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L'environnement économique est assez morose en cette fin d'été. On assiste à un ralentissement économique global avec des difficultés particulièrement inquiétantes en Chine. Cette situation en Chine pourrait exacerber d'autres inquiétudes qui planent sur l'économie. "L'inflation n'est toujours pas complètement sous contrôle et ne diminue pas aussi vite que prévu. De ce fait, une hausse des taux d'intérêt est toujours à redouter", estime Frank Vranken, chef stratégiste chez Edmond de Rothschild. Mais ce stratégiste s'inquiète aussi concernant les valorisations qui, selon lui, ne payent pas pour la prime de risque actuelle. À cela, il convient encore d'ajouter l'engouement pour l'intelligence artificielle qui risque de se dégonfler. Un secteur dont il faudra suivre l'évolution.
Le consommateur américain continue cependant à dépenser. Il vide encore ses réserves accumulées lors de la crise du Covid-19. "Cependant, il faut compter avec le problème de l'endettement. Le déficit américain est de 9 % du PIB et le ratio dette sur PIB représente plus de 100 % aux États-Unis. Cette dette devra être refinancée et cela risque d'aspirer énormément de liquidités sur les marchés financiers", ajoute Frank Vranken.
"Ne pas prendre trop de risque"
Quelle attitude peut alors adopter l'investisseur en ce début du mois de septembre ? "Aujourd'hui, nous préconisons de ne pas prendre trop de risque. On peut se mettre dans une position d'attente en investissant en obligations. On peut estimer que la BCE sera dans une situation difficile pour encore augmenter ses taux alors que les Pays-Bas sont en récession et que l'Allemagne est également au bord d'une récession. On peut donc s'attendre à une contraction de l'économie", remarque Frank Vranken. Une contraction de l'économie en Europe devrait engendrer un ralentissement de l'inflation.
À noter encore que, dans le paysage boursier actuel, on ne doit pas exclure des chutes de cours brutales. Les hausses engrangées ces dernières années ne se reproduiront plus avec une ampleur telle que celles que nous avons connues ces derniers temps. "Sans vouloir jouer le market timing, ce qui est toujours une mauvaise idée, les investisseurs peuvent néanmoins penser à prendre leurs profits. On peut certainement lever le pied en Bourse pour le moment en privilégiant une position d'observation et d'attente. On constate également le retour de l'intérêt pour des portefeuilles 60/40", note ce stratégiste. Dans ce contexte, les obligations vont retrouver leur rôle de protection dans les portefeuilles.
L'élément majeur à surveiller en ce début septembre et jusqu'à la fin de l'année est la situation en Chine. Ce qui se passe dans ce pays est certainement l'élément le plus inquiétant. En effet, la crise immobilière pourrait basculer vers une crise du système financier et impacter très lourdement la consommation dans ce pays. On comprend alors que l'État craint des émeutes. "L'État chinois devrait prendre des mesures concernant la dette, la restructuration du secteur immobilier et lancer un véritable système de sécurité sociale. Cela pourrait alors rassurer le consommateur chinois et l'encourager à dépenser à nouveau", explique Frank Vranken. Aujourd'hui, les investisseurs doivent donc s'armer de patience dans un contexte morose ou l'optimisme n'est pas au rendez-vous.