"Je me suis laissé emporter par le groupe": Anatole, 22 ans, un étudiant français sans histoire jugé pour violences sur policiers
L'étudiant dit être allé manifester pour la troisième fois "contre la réforme des retraites", sans spécialement vouloir en découdre.
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Publié le 03-05-2023 à 09h36
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Des pierres lancées sur les forces de l'ordre "comme si c'était un jeu". Anatole G, 22 ans, un étudiant au profil plutôt rangé a été condamné à six mois de prison avec sursis mardi à Lyon, pour "violences sur policiers" en marge du défilé du 1er mai.
Déféré en audience de reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) après une nuit en garde à vue, le jeune prévenu dit avoir agi après avoir entendu quelqu'un proposer un concours de "celui qui lancerait la pierre le plus loin possible". "Comme si c'était un jeu", dit-il l'air désolé, les bras croisés devant la juge unique dans la petite salle d'audience du tribunal judiciaire de Lyon. "Je me suis laissé emporter par l'euphorie et le groupe, j'ai fait comme les autres", affirme-t-il. "Je sais que c'est complètement immature."
L'étudiant dit être allé manifester pour la troisième fois "contre la réforme des retraites", sans spécialement vouloir en découdre. Résidant dans le 8ème arrondissement de Lyon, il est venu en Vélo'v, équipé d'un simple sac à dos contenant une paire de lunettes et plusieurs masques chirurgicaux. Dans son téléphone, les policiers n'ont trouvé aucune trace de militantisme radical.
Inscrit à l'université Lyon 2, après une première licence de biologie Anatole G. dit n'appartenir à aucun syndicat ni association. Sans casier judiciaire, inconnu des fichiers de la police, il dispose de tous ses points sur son permis de conduire, il a effectué une journée citoyenne à Laval (Mayenne), sa région d'origine, et travaillé pendant un an au Jardin des Plantes à Paris. Il réside avec une jeune femme, paie régulièrement son loyer de 300 euros.
Un profil apparemment en décalage avec les violences qui ont fait 19 blessés, dont un grave dans les rangs des forces de l'ordre après plusieurs heures de heurts et de dégradations très rares à Lyon.
"Individus à risque "
La préfecture a imputé les violences à la présence en début de cortège de "2.000 individus à risque dont 1.000 black blocks" selon la préfecture, en marge du défilé qui a réuni au total 17.000 manifestants selon la préfecture, quelque 45.000 selon la CGT.
Mortiers, plaques d'égout, pierres, bouteilles remplies d'excrément... Policiers et gendarmes ont subi des jets de projectiles, répliquant avec plus de 800 tirs de grenades lacrymogènes, selon un rapport de synthèse cité par l'hebdomadaire Tribune de Lyon. Au total, 58 personnes ont été interpellées dans la journée et 8 dans la soirée, selon le dernier bilan de la préfecture.
Anatole G a été repéré et interpellé lors d'un assaut des forces de l'ordre après le pillage d'une supérette située sur la place Bellecour, au centre ville, aux toutes dernières heures du défilé. Il a reconnu avoir jeté des pierres à trois reprises, "sans savoir où elles atterrissaient à cause des gaz lacrymogène". L'une d'elle a touché un policier.
"Je me suis laissé prendre, peut-être pour me prouver quelque chose", affirme celui qui jusque-là, dit avoir défilé "en chantant" avec les cortèges étudiants. "On ne se perd pas au milieu des black blocs, on n'y va pas par hasard", a pointé Me Laurent Bohé, qui représentait le policier touché par la pierre -sans blessure ni ITT. Il a aussi fait part de "la lassitude et de l'incompréhension" des forces de l'ordre.
Le prévenu "ne faisait absolument pas partie de ce groupe" de black blocs, a fait valoir l'avocate de la défense, Me Sarah Ghaouti, en soulignant que son client, le seul à être orienté en CRPC, méritait "une bienveillance".
Six mois de prison avec sursis, un an d'interdiction de manifester, cinq ans d'interdiction de port d'arme, et un an d'inéligibilité: Anatole G. a accepté la peine proposée par le parquet et homologuée par le tribunal. "J'ai pris une bonne leçon", avait-il dit en fin de garde à vue.