Affaire Sanda Dia : Sammy Mahdi dénonce la légèreté des peines et défend le Youtuber Acid

Suite au verdict du procès, les peines prononcées contre les jeunes impliqués dans la mort de l’étudiant Sanda Dia ont été jugées trop légères. Le Youtuber Acid avait alors dévoilé l’identité de certains coupables.

Bruxelles - Bozar:  Sammy Mahdi président du CD&V. A Bruxelles, le 25 mai 2023
Bruxelles - Bozar: Sammy Mahdi président du CD&V. A Bruxelles, le 25 mai 2023 ©JC Guillaume

Le président du CD&V Sammy Mahdi dénonce dans une vidéo sur les réseaux TikTok et Twitter les “petites peines de travail” infligées aux membres du cercle Reuzegom suite à la mort de Sanda Dia ainsi que la “chasse aux sorcières” envers le Youtuber ACID pour avoir divulgué l’identité de certains prévenus.

Pour le patron des chrétiens démocrates flamands, le Youtuber “n’a rien fait d’autre que ce que font les journalistes tous les jours”. Interrogé vendredi matin sur les ondes de la VRT radio, M. Mahdi a ajouté vouloir mener un débat sur les sanctions pénales. “Il n’est pas illogique que, en tant que société, nous continuions à y réfléchir”.

Un Youtubeur dévoile des informations sur les étudiants impliqués dans l'affaire Sanda Dia

La cour d’appel d’Anvers a acquitté vendredi dernier les 18 prévenus d’administration de substances nuisibles et de négligence coupable ayant entraîné la mort de Sanda Dia. Ils ont cependant été condamnés à entre 200 et 300 heures de travaux d’intérêt général pour homicide involontaire, traitement dégradant et infractions à la législation sur le bien-être animal. Le jugement a généré tout au long de la semaine des commentaires en tous sens, d’aucuns dénonçant des peines bien légères ainsi que le secret observé par la presse sur l’identité des prévenus.

Jeudi, le Youtuber ACID avait toutefois divulgué certains noms, avant d’être bloqué par Youtube.

M. Mahdi dit comprendre la “frustration que vivent de nombreuses personnes” quant aux règles d’anonymat “qui sont strictement appliquées dans une affaire, mais pas dans d’autres”. “Soit on est très strict, soit on ne l’est pas”, objecte le président du CD&V pour qui la réduction au silence d’ACID peut donner l’impression d’une justice de classes.

Pour lui, il est difficilement compréhensible que le Youtuber puisse potentiellement endurer des peines plus lourdes que celles infligées aux membres de Reuzegom. Sans vouloir revenir sur le jugement prononcé vendredi, M. Mahdi dit vouloir néanmoins lancer le débat politique sur les sanctions pénales.

"Les médias ne font pas partie d'un complot pour protéger les membres de Reuzegom"

Pol Deltour, le secrétaire national de l'Association flamande des journalistes (VJJ), estime que les propos tenus par le président du CD&V Sammy Mahdi autour de l'affaire Sanda Dia donnent "l'impression que les médias et la justice font partie d'un complot pour protéger les membres du cercle estudiantin Reuzegom (impliqués dans le décès de Sanda Dia, NDLR)". Sammy Mahdi s'est insurgé contre la "chasse aux sorcières" visant le youtubeur ACID ayant dévoilé les noms de plusieurs membres du cercle, estimant qu'il n'avait fait que "ce que font les journalistes tous les jours".

"Vous trouvez souvent (dans les médias, NDLR) le nom, la photo, l'horoscope de personnes qui n'ont pas encore été reconnues coupables", souligne Sammy Mahdi dans une vidéo publiée sur son compte TikTok. "Alors que dans ce cas, la culpabilité a bien été reconnue", poursuit-il, sous-entendant que les médias se sont abstenus de publier des noms, faisant preuve de parti pris.

"Ce que les médias ont fait dans cette affaire est tout à fait correct. La couverture médiatique a été très large, on ne peut pas dire que la presse a conspiré pour étouffer l'affaire", a réagi le secrétaire général de l'association flamande des journalistes (VVJ), Pol Deltour. "Le jugement lui-même a également fait l'objet d'une grande couverture médiatique".

Pol Deltour estime que la critique selon laquelle les médias ne sont pas toujours cohérents en termes de préservation de l'anonymat "peut être comprise". Mais le fait que les étudiants condamnés dans l'affaire Sanda Dia ne soient pas nommés n'est pas exceptionnel.

Selon M. Deltour, il ne serait pas judicieux de divulguer des noms dès qu'il y a une condamnation. "Le conseil de déontologie journalistique (Raad voor de Journalistiek) avance plusieurs éléments autour de cette question: s'agit-il de personnalités publiques? Quelle est la gravité des faits, qu'en est-il des chances de ré-intégration des auteurs dans la société?", explique Pol Deltour. "C'est un document sophistiqué mais ce n'est pas une science. Nous devons analyser au cas par cas."

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