Sa thèse à Libramont obtient le prix Philippe Maystadt
Jacinthe Dancot coordonne la section soins infirmiers à la Haute Ecole Robert Schuman de Libramont
Publié le 02-02-2023 à 10h41
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Jacinthe Dancot, habitante de Champlon, est coordinatrice de la section soins infirmiers au sein de la Haute École Robert Schuman de Libramont. Elle est également maître de conférences à l’Université de Liège. Dernièrement, sa thèse intitulée "Contribution à l’exploration de l’estime de soi des étudiants infirmiers et de son lien avec le développement de la compétence clinique" lui a permis de recevoir officiellement le prix Philippe Maystadt. Cette distinction récompense les travaux de recherche et de fin d’études menés sur l’enseignement dans les établissements d’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles. Un prix qui a vu le jour en mémoire du ministre d’État et ancien président du conseil d’administration de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES), Philippe Maystadt, décédé en 2017. Pour réaliser sa thèse, la docteure a suivi plus de 800 étudiants issus de quatre institutions en Fédération Wallonie-Bruxelles durant plusieurs années.
Jacinthe Dancot, pourriez-vous nous expliquer votre thèse ?
Plusieurs études démontrent que beaucoup d’étudiants infirmiers sont en souffrance morale, physique ou émotionnelle durant leurs études. Cela amènerait à des décrochages complets ou des difficultés à développer correctement leurs compétences professionnelles. Par ma thèse, je tente de voir si ces deux situations sont liées.
Et quels en sont les résultats ?
On constate que les étudiants infirmiers commencent leurs études avec une estime de soi modérée. Celle-ci reste stable durant l’ensemble de leur cursus. Alors que l’estime de soi a tendance à augmenter positivement dans d’autres études au fil des années d’apprentissage, cette stabilité propre aux études infirmiers pose question. Ce ne sont donc pas vraiment des résultats enthousiastes.
Quelles sont donc les solutions à apporter ?
Trois pistes sont envisagées à ce sujet. Il est impératif que les formateurs veillent à la qualité des stages et des expériences vécues durant ces études. L’accompagnement des étudiants dans les moments difficiles est également très important. Il faut veiller à maintenir et renforcer cette estime de soi constamment. Cela demande beaucoup de finesse et de subtilité de la part des formateurs. Enfin, il faut également apprendre aux étudiants à pouvoir gérer seuls leurs difficultés, réfléchir sur eux-mêmes et apprendre à mieux se connaitre.
Les étudiants infirmiers sont-ils nombreux à décrocher à la HERS de Libramont ?
Oui, le taux est important. Certains abandonnent très tôt, se rendant compte que la réalité de terrain est différente de l’idée de départ. Certains décrochent plus loin dans le cursus ou abandonnent très vite une fois diplômé: l’estime de soi est, en partie, responsable de cela. Mais ce n’est sans doute pas le seul facteur.
Quelles sont, selon vous, les solutions pour revaloriser le métier ?
Il y a l’argent, bien sûr, mais pas que. Un salaire juste, à la hauteur de la difficulté du métier, est important. À côté de cela, il faut rendre les conditions de travail optimales. L’infirmier doit travailler dans de bonnes conditions et prendre du plaisir dans sa fonction. Mais cela demande un travail colossal, notamment au niveau du monde politique.
Votre thèse a été récompensée d’un très beau prix: une fierté ?
Bien sûr, je suis très honorée. Souvent, une thèse n’est connue que par une minorité de personnes. Cette visibilité sur ce problème d’estime de soi va, je l’espère, faire avancer les choses. C’est un beau coup de projecteur pour mon travail. Mon but était surtout de connaître, comprendre et tenter de trouver des solutions à ce problème majeur.
Un dernier mot pour la fin ?
Lorsqu’on réalise une thèse, on n’est pas seul. Je remercie donc une nouvelle fois mes promoteurs, l’Université de Liège, la Haute École Robert Schuman et tous les étudiants qui ont pris part à ce travail.