Plusieurs professeurs de l’UNamur encouragent l’utilisation de ChatGPT dans leurs cours

Parallèlement à leur initiative, une grande enquête va être lancée afin de voir la manière dont les étudiants utilisent ChatGPT.

Illustration picture shows a press conference of Namur new rector ahead of the new academic year 2017-2018, in Namur, Friday 08 September 2017. BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Plusieurs professeurs de l'UNamur vont mettre introduire ChatGPT dans leurs cours.

Depuis l’arrivée de ChatGPT, ce robot conversationnel basé sur l’intelligence artificielle, certains enseignants refusent catégoriquement de l’utiliser, alors que d’autres ont accepté de l’intégrer progressivement dans leur cours. C’est le cas de quatre professeurs de l’UNamur : Elise Degrave (droit), Michaël Lobet (physique), Olivier Sartenaer (philosophie) et Nathalie Kirschvink (médecine). Ces enseignants veulent aider leurs étudiants à mieux comprendre les forces et les faiblesses de l’outil. Ils y voient aussi l’occasion de renforcer l’esprit critique des jeunes.

Utiliser ChatGPT pour renforcer l’esprit critique

”C’est une belle opportunité”, confirme Elise Degrave. Dans son cours “Sources et principes du droit”, l’enseignante a pour habitude de demander à ses étudiants de BAC1 un travail basé sur une œuvre. Ils doivent la résumer et définir trois questions de droit en lien avec le cours. “Cette année, je vais leur demander de faire le même travail, mais de demander à ChatGPT de le faire également, explique l’enseignante. Le but sera de critiquer ce qu’a fait ChatGPT, mais aussi de le corriger. Les étudiants devront donc bien connaître le cours pour y parvenir. Non seulement, ils doivent appréhender l’outil, le démystifier mais, en plus, ils seront placés dans la peau d’un correcteur.”

Est-ce possible de détecter un texte écrit par ChatGPT?

Olivier Sartenaer s’inscrit dans la même logique. Dans son cours de BAC2 intitulé “Histoire des sciences”, il demande à ses étudiants de se mettre dans la peau d’un historien des sciences en effectuant une recherche originale sur une question au choix. “Il s’agit d’un travail écrit, sans oral. Les étudiants peuvent avoir la tentation de demander à ChatGPT de les aider. J’ai pris les devants et je leur ai moi-même suggéré de l’utiliser, à condition de le dire en toute transparence.” Les étudiants pourront donc mettre des captures d’écran de leur conversation avec ChatGPT dans les sources de leur travail. “Mais ils devront se montrer critiques là-dessus, évaluer la pertinence des informations données et les vérifier à l’aide de sources fiables.”

Nathalie Kirschvink n’est pas en reste puisqu’elle va proposer aux étudiants de médecine qui suivent le cours “physiologie générale” de confronter les réponses de leur travail à ce qu’aura répondu ChatGPT. “Ils vont se rendre compte que ça manque parfois de finesse”, explique-t-elle.

Les trois enseignants voient en ChatGPT un outil qui peut être utilisé dans ce qu’il a de bon, à condition de rester prudent. “Ce n’est pas un outil magique, explique Elise Degrave. En l’utilisant dans le cadre d’un travail universitaire, ils vont vite se rendre compte que les réponses fournies ne sont parfois pas assez pointues ou carrément fausses.” Elle rappelle également que l’outil est “très scolaire” et dénué de personnalité dans ses écrits. “Il ne transgresse rien. Si tout le monde utilisait ChatGPT, la société tournerait sur elle-même”, poursuit Elise Degrave.

"ChatGPT est incapable de fournir un vrai travail universitaire"

ChatGPT, un outil d’aide à la réussite ?

Michaël Lobet, lui, propose à ses étudiants de BAC1 (biologie et vétérinaire) d’utiliser ChatGPT comme une sorte d’assistant personnel. Dans le cadre du cours “Physique III : Optique”, il leur propose, sur une base volontaire, de s’aider de l’intelligence artificielle pour résumer certains chapitres. “Ils vont pouvoir s’en servir pour générer des exercices, pour se faire des plans de matière, mais aussi pour résumer des points bien précis. L’idée est de comparer ce que dit ChatGPT avec ce qui se trouve dans mon cours.” De cette façon, l’étudiant pourra approfondir la matière, mais de façon un peu différente, en se posant de nouvelles questions et en vérifiant la pertinence du résumé de ChatGPT.

Parallèlement à ces initiatives, le service de pédagogie universitaire de l’UNamur a lancé une grande enquête à destination de tous les étudiants de BAC1. “Nous voulons savoir, sur une base anonyme, si les étudiants connaissent déjà l’outil, s’ils s’en servent dans les cours et, si oui, comment”, explique Marie Lobet. “Notre but est de leur apporter un soutien méthodologique adapté, et de répondre au mieux à leurs besoins. Nous voulons leur expliquer les forces et les faiblesses de ChatGPT et de ses alternatives, et les conscientiser à tout cela.”

À la fin de l’année académique, les différentes initiatives des professeurs, ainsi que les résultats de l’enquête seront analysés. Avec, pourquoi pas, une utilisation plus importante de ChatGPT dès la rentrée académique prochaine. “À l’UNamur, nous avons une culture de l’expérimentation, et nous sommes toujours ouverts à l’idée d’étendre les projets testés par certains pionniers”, explique Laurent Schumacher, le vice-recteur à la formation. “Il n’y a donc aucune restriction à ce que ces initiatives se propagent au sein de l’université.”

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