Salle de prières à l'ULB: tout comprendre à la polémique
Qu'entend-on par salle de prières? Existe-t-elle depuis longtemps? Comment l'ULB a-t-elle réagi? Qu'en pensent les étudiants? On fait le point !
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- Publié le 04-09-2023 à 13h36
Il y a une semaine, Nadia Geerts, militante laïque et membre du centre Jean Gol (MR) publiait une carte blanche dans La Libre Belgique dans laquelle elle révélait l'existence d'une salle de prière clandestine à l'ULB. "Depuis au moins huit ans, des étudiants se réunissent dans une salle pour prier", notait-elle. Depuis, l'affaire a beaucoup fait parler.
Qu'entend-on par "salle de prières à l'ULB"?
Il s'agit d'une petite pièce, en bas d'escaliers, au fond d'un couloir. Dans cette salle, des dizaines d'étudiants de confession musulmane se réunissent chaque jour pour prier. Il y a des vêtements, des tapis, des fiches plastifiées reprenant les invocations à réciter.
La salle de prière existe-t-elle depuis longtemps à l'ULB?
Selon Nadia Geerts, cette salle existe depuis au moins huit ans. L'ULB a reconnu être au courant que des étudiants se réunissaient pour prier de manière sauvage, mais elle n'a jamais formellement autorisé cela. "Depuis quelques années, le phénomène était discret et marginal", a commenté l'université bruxelloise.
Pourquoi en parler seulement maintenant?
D'une part, la carte blanche publiée par Nadia Geerts a contribué à mettre le grand public au courant. D'autre part, comme l'explique l'ULB, "depuis quelques temps, en particulier depuis cet été, le phénomène s'est amplifié, entravant l'exercice de nos activités pédagogiques."
Quelle est la réaction de l'ULB sur les salles de prières?
L'université a confirmé l'existence des rassemblements de prières sur le campus, mais a rappelé qu'elle "ne pouvait pas accéder à toutes les demandes qui lui seraient faites d'aménager ses espaces, ses horaires ou son fonctionnement général en fonction des contraintes à caractère privé des uns et des autres". "Les demandes d’installation de lieux de prières, de culte ou de recueillement ne sont et ne seront dès lors pas acceptées par les autorités de l’Université."
L'ULB rappelle toutefois sa tolérance à l’égard des signes convictionnels ou politiques portés par les étudiantes et les étudiants, pour autant qu’ils ne soient pas attentatoires à la loi.
Que pensent les étudiants de l'ULB?
Certains étudiants fréquentant la salle de prière, interrogés par la RTBF, ont déclaré être déçus de la polémique. "On ne dérange personne", "ça n'a jamais posé problème", ont-il réagi. Une dizaine d'associations étudiantes ont également critiqué la décision du rectorat et dénoncé une polémique islamophobe.
"Ce phénomène marginal qui ne concerne peut-être que quelques dizaines d'étudiants sur les 40.000 a été monté en épingle sous couvert du libre examen", déplorent-ils. "II convient de rappeler que ce principe fondateur de l'ULB, qui prône une remise en question des dogmes et arguments d'autorité, est à la base d'un combat progressiste pour une société plus ouverte et inclusive."
Pourquoi vouloir interdire ces salles de prières?
Plusieurs personnalités ont pris la parole en prônant l'interdiction des salles de prières. "La liberté de conviction de chacun doit être absolue mais l’Université ne doit pas être un lieu de culte", a notamment déclaré Marc Uyttendaele, professeur de droit et défenseur de la laïcité.
Eric Muraille, directeur de recherche FNRS attaché à l’ULB, a affirmé qu'il fallait continuer à interdire les lieux de culte au sein des universités. Selon lui, les universités européennes ont tout intérêt à défendre fermement leur indépendance vis-à-vis des religions.