Louvain-la-Neuve : une étudiante en droit se retrouve au coeur d'un trafic de cannabis
Amoureuse, elle accepte d’aider son ami de l’époque pour son petit commerce de cannabis. Délicat, quand on rêve d’une carrière d’avocate…
Publié le 04-04-2023 à 07h38
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Le 27 septembre 2021, la police a surpris à Ottignies l’arrivée d’une voiture de location à proximité d’un piéton. Celui-ci s’est approché, a reçu quelque chose et payé discrètement. Bref, une livraison de drogue et les policiers ont cherché qui avait loué la voiture. Ils sont ainsi remontés jusqu’à une étudiante, petite amie du conducteur qu’ils ont reconnu.
Les enquêteurs ont aussi établi que la jeune femme avait loué quatre autres voitures auparavant, sans en avoir les moyens puisqu’elle touchait un revenu d’intégration sociale pour pouvoir louer son kot et terminer ses études universitaires.
Les enquêteurs ont aussi constaté qu’Hendy, le petit ami, avait eu un accident en décembre 2020, déjà avec une voiture de location. Lorsque la police était intervenue, il s’était montré particulièrement nerveux. Il faut dire que trois mois auparavant, il avait déjà provoqué un accident, au volant d’une voiture louée… par sa compagne.
"Je n’ai pas eu la force de résister à l’époque"
Voitures de location, trajets nombreux, jeunes conducteurs, les policiers du Brabant wallon commencent à connaître la chanson: cela fait penser à des livraisons de drogue. Le compte en banque d’Hendy a été vérifié: en trois mois, début 2020, il y a déposé plus de 2 000 €.
De perquisitions ont été menées et dans le kot de l’étudiante à Louvain-la-Neuve, les policiers ont mis la main sur des montants inscrits au regard d’une liste de noms, trois pages de numéros de téléphone, et un document de "prévisions" de vente de stupéfiants.
La demoiselle a avoué rapidement: pour résoudre les problèmes d’argent du couple, son compagnon avait effectivement décidé de vendre du cannabis. Et parfois, elle donnait "des trucs dans des papiers d’aluminium" à des gens qui venaient voir son copain. Cela se passait chez elle, et elle prêtait son GSM…
Lorsqu’ils ont été mis ensemble en cellule avant leur passage devant la juge d’instruction, Hendy a tenté, en vain, de convaincre sa copine de revenir sur ses aveux. Tous deux se retrouvaient donc, il y a un mois, sur le banc des prévenus du tribunal correctionnel.
Où elle risquait très gros: elle va bientôt terminer ses études de droit et réaliser son rêve, c’est-à-dire devenir avocate. Sauf qu’avec un casier judiciaire, tout cela pourrait fort bien virer au cauchemar… "Je suis désolée, ce n’était pas un comportement responsable, a-t-elle précisé à la présidente. On était jeunes, pas des mauvaises personnes mais pas très réfléchis… Cela ne sert à rien de contester. Je n’ai pas eu la force de résister à l’époque, et nous n’avons plus de contact aujourd’hui. C’est sans doute mieux comme ça…"
Le jugement vient de tomber: la jeune femme s’en tire avec une peine de travail de 80 heures qu’elle a tout intérêt à prester dans l’année pour que son casier reste vierge. Dans le cas contraire, une peine de six mois de prison sera appliquée. Son ex-compagnon se voit infliger une peine de travail également, mais de 150 heures. Et la justice ordonne à charge de chacun la confiscation de 1 500 €.