Comment un étudiant a provoqué la démission du président de l'Université de Stanford

Le journal étudiant a reçu un prix pour avoir mis en lumière les manquements du président de leur université.

Marc Tessier-Lavigne makes his first address as president as he is inaugurated as the 11th president of Stanford University in Stanford, Calif., on Oct. 21, 2016. Tessier-Lavigne said Wednesday, July 19, 2023, he would resign, citing an independent review that cleared him of research misconduct but found flaws in other papers authored by his lab. He said in a statement to students and staff that he would step down August 31. (Dan Honda/Bay Area News Group via AP)
Marc Tessier-Lavigne démissionne de son poste de président de l'Université de Stanford.

Marc Tessier-Lavigne, le président de l'Université de Stanford (Californie), a annoncé le 19 juillet dernier qu'il démissionnait de son poste. Plusieurs fois pointé du doigt par l'enquête d'un étudiant en journalisme qui écrivait dans le journal de l'établissement, il a préféré faire un pas de côté.

L'homme, qui restera professeur de biologie dans l'établissement, est pourtant une sommité dans son domaine, explique le New York Times. En tout, il a publié près de 220 articles scientifiques sur les maladies cérébrales dégénérative. Mais, alors, que s'est-il passé?

Des manquements

Le président de l'Université a été accusé d'être responsable de manquements lors d'études scientifiques qu'il a menées. Ces accusations sont apparues pour la première fois des années plus tôt sur un forum. Elles ont toutefois connu un retentissement plus important lorsque Theo Baker, un étudiant en journalisme, en a parlé dans The Stanford Daily, le journal de l'établissement. En novembre dernier, le journal étudiant a affirmé, preuves à l'appui, que des études dont le Dr Marc Tessier-Lavigne était auteur ou co-auteur, avaient été manipulées. En février, le journal a enfoncé le clou en amenant d'autres preuves basées sur des témoignages anonymes. Notamment que certaines études avaient été falsifiées et que le professeur avait couvert tout cela.

Une enquête

Face à la gravité des accusations, un panel de scientifiques externes a été nommé par l'université pour faire toute la lumière. Après avoir mené 50 entretiens et analysé 50.000 pages de documents, le comité a conclu que des manquements avaient bel et bien eu lieu dans cinq études. Il n'a toutefois pas conclu, comme le prétendait l'étudiant en journalisme, que le professeur avait volontairement couvert des faux résultats présentés dans une étude sur la maladie d'Alzheimer en 2009. Le journal, lui, "maintient ces accusations".

Le panel de scientifiques a, par contre, reconnu des "problèmes" et des études "en dessous des standards habituellement attendus". Le professeur a donc été invité à corriger ou à faire dépublier certaines de ses études relayées dans de prestigieux magazines comme Nature.

Etant donné qu'il s'attendait à ce que des discussions aient lieu sur sa capacité à diriger l'université, le Dr Marc Tessier-Lavigne a préféré prendre les devants en démissionnant. Il sera donc remplacé à la fin août par Richard Saller, professeur d'études européennes, qui assurera l'intérim.

Theo Baker, et le Stanford Daily, ont quant à eux reçu en février le prestigieux prix George Polk pour leur enquête journalistique.

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