"Quand j'étais étudiante, avoir mes règles était devenu une source d’angoisse”

Pour la deuxième année consécutive, Always a lancé le mouvement #NonALaPrécaritéMenstruelle, en partenariat avec des associations de terrain.

Certaines femmes ont du mal à s'acheter des protections hygiéniques pendant leurs règles.
Certaines femmes ont du mal à s'acheter des protections hygiéniques pendant leurs règles. ©Copyright (c) 2019 Alina Kruk/Shutterstock. No use without permission.

Selon une enquête réalisée par iVox pour Always, 6 % des 1000 femmes interrogées expliquent avoir déjà eu des difficultés à acheter des protections hygiéniques. Et ce, alors qu’un quart de la population ne croit pas à l’existence de la précarité menstruelle.

Pourtant, Lucie (prénom d’emprunt) a vécu la précarité menstruelle lorsqu’elle était encore étudiante. “Les trois premières années, ça a été vraiment galère”, se souvient-elle. Son job étudiant l’aidait à financer son kot à Bruxelles, et ses parents lui donnaient un peu d’argent chaque semaine pour s’acheter à manger mais, malgré tout, la jeune femme devait faire attention à ses dépenses.

”La semaine où j’avais mes règles, le montant qu’ils me donnaient restait le même”, explique-t-elle. “Donc je devais vraiment bien compter pour être sûre de pouvoir acheter les protections hygiéniques dont j’avais besoin.” La jeune femme élaborait donc une liste de priorités : les protections hygiéniques, les autres frais obligatoires, puis la nourriture. “Il m’est déjà arrivé d’acheter moins de choses pour me nourrir juste parce que j’avais mes règles. J’ai aussi parfois reporté des photocopies à la semaine suivante par exemple.” Certaines font toutefois le choix de faire passer les protections hygiéniques en dernier, ce qui les pousse à utiliser des protections de fortune comme des mouchoirs ou du papier essuie-tout.

Un tabou encore bien présent

”La précarité menstruelle est une réalité et les demandes d’aide ont fortement augmenté”, explique Véronica Martinez, directrice de l’Asbl BruZelle, qui distribue des protections hygiéniques gratuites. “Nous constatons une évolution en termes de profil de personnes touchées, et notamment un nombre croissant d’étudiants.” Selon elle, il faut absolument sensibiliser à cette problématique et briser le tabou qui l’entoure.

Selon l’étude d’iVox, 6 femmes sur 10 indiquent ne pas vouloir parler de précarité menstruelle à leurs proches. Lucie était dans la même situation, raison pour laquelle elle tient à témoigner de façon anonyme même si elle ne vit plus la précarité menstruelle. “J’ai toujours trouvé ça gênant, de parler de précarité menstruelle mais aussi de précarité tout court.” La jeune femme a tenté de demander une aide financière à l’université, “mais mes parents gagnaient un peu trop pour y avoir accès”. Elle explique n’avoir jamais pensé à se tourner vers les épiceries solidaires ou les associations de lutte contre la précarité menstruelle comme Bruzelle. “J’ai reçu une fois des protections hygiéniques quand Bruzelle est venue sur mon campus. Mais quand j’étais vraiment en galère, je demandais des protections à mes collocs. Je ne demandais pas toujours à la même personne afin de ne pas me faire remarquer.”

Lire aussi : Les épiceries solidaires aident les étudiants à mieux manger

Le stress d’avoir ses règles

À l’époque, elle confie qu’avoir ses règles était devenu une source de stress. Jusqu’à ce qu’elle se tourne vers des protections réutilisables. “La culotte menstruelle, ce n’était pas pour moi, car on n’avait pas de machine à laver au kot. Mais une amie m’a parlé de la cup et, clairement, ça a changé beaucoup de choses pour moi.” Si la cup demande un peu d’organisation (il faut avoir un accès à l’eau quand on la change), cela lui a permis de fortement diminuer ses frais de protections hygiéniques. “Aujourd’hui, je l’utilise toujours pour raisons financières, mais aussi environnementales.” Précisons toutefois que les cups ne sont pas la solution miracle contre la précarité menstruelle car certaines personnes ne sont pas à même de la nettoyer dans de bonnes conditions et risquent donc des infections.

La France a imposé en 2021 la gratuité des protections hygiéniques pour les étudiantes. Plusieurs associations belges demandent donc la même chose, tant pour les étudiantes que pour toutes les personnes concernées. “Les protections devraient être gratuites pour tout le monde, car cela discrimine davantage le public féminin et cela engendre une discrimination liée au genre”, concluait à l’époque Véronica Martinez.

Pour savoir comment aider Bruzelle ou Goods To Give, cliquez ici. Par ailleurs, à l’achat d’un produit Always entre le 16 janvier et le 12 février 2023, la marque s’engage à offrir une serviette à BruZelle, qui la redistribuera.

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