Louvain-la-Neuve, l’indémodable Crêperie bretonne : “On a de bonne racine. La clientèle est fidèle et on garde toujours l’esprit positif”
En presque 50 ans d’existence, la Crêperie bretonne reste un incontournable à Louvain-la-Neuve. Pour la chandeleur, cap sur ce restaurant où tous les amateurs de crêpes trouveront leur plaisir.
Publié le 02-02-2023 à 10h37
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La Crêperie bretonne est une institution à Louvain-la-Neuve. Elle l’une, si ce n’est la, des plus anciennes institutions Horeca de la ville étudiante encore en activité. La Crêperie est créée en 1975 par des amoureux de la Bretagne avec une idée en tête : vouloir une crêperie en Belgique. L’affaire a vite été reprise par un couple de deux étudiants en hôtellerie, jobistes à l’époque. Ils ont fait tourner l’établissement des décennies durant avant de laisser la main à leur fille, Aylin et leur beau-fils, Baris. C’est lui qui nous accueille aujourd’hui.
Baris est arrivé en 2003 en Belgique. Venu de Turquie, il commence un Master en communication. La Crêperie bretonne, il la rencontre très vite. Il y était jobiste, tout comme ses beaux-parents avant lui. Et tout comme eux, il n’en est jamais reparti.

Baris se tient au comptoir, debout et souriant. Il est prêt pour l’arrivée de chaque nouveau client. À peine présentés qu’il n’y a déjà plus moyen de l’arrêter. La Crêperie bretonne c’est son histoire, sa famille, sa maison : “On est ouvert 7 jours sur 7, 340 jours par an. On fait juste une pause durant les fêtes. C’est notre deuxième maison. En fait, on y passe plus de temps que dans notre propre maison”, ironise-t-il. Et elle n’a pas énormément changé en presque 50 ans : “C’est toujours les mêmes tables, j’espère que ce seront encore les mêmes dans 100 ans”. Le bar est le seul élément qui a un peu changé. Il a été refait mais toujours dans l’esprit de la crêperie. À vrai dire, de l’intérieur, on croirait le lieu déplacé d’un petit village de Bretagne. Un élément qui tranche par rapport au paysage pittoresque, extérieur, des briques jaunes.
Crêpes à la carte
Le produit phare de toute bonne crêperie est, bien entendu, la crêpe. La Crêperie bretonne en possède un nombre impressionnant, annonce Baris. Dans les années 70, il y avait moins d’une dizaine de crêpes à la carte. Aujourd’hui, elle fait 27 pages pour près de 300 crêpes différentes ! Sans compter les suggestions de saisons, les glaces (maison), les gaufres, les petits gâteaux, les thés, les cafés, les jus de fruits ou encore les 200 bières proposées. Baris avoue : “Il m’est impossible de conseiller avec la carte, je peux orienter en fonction de quel ou quel ingrédient la personne souhaite, c’est un peu près tout”. Avec une carte aussi conséquente, de nombreuses crêpes ont disparu au fil des décennies : “On en retire et rajoute en fonction de ce qui marche ou pas. Parfois, on retire 2, on en rajoute 3 ou on en rajoute 2 pour en retirer 4…”.

Une chose par contre jamais retirée du restaurant, c’est l’ambiance. Avec ses réguliers, Baris est comme un frère, un oncle, un ami de longue date qui aime amuser la galerie et la “titiller”. L’esprit familial, c’est l’ADN de la Crêperie : “Les dimanches, c’est comme une crèche, les familles viennent, les enfants jouent et se rencontrent.”
Les affaires (c) roulent ?
Une ambiance, un lieu, un esprit familial, des crêpes, dont les clients récompensent par leur présence même si les temps sont durs pour tout le monde : “Avant on avait des clients qui venaient 3-4 fois semaine. Maintenant, ils viennent une fois semaine ou les deux semaines”. D’abord le covid, ensuite les énergies, les crises se succèdent et impactent la Crêperie bretonne comme le reste de l’Horeca : “Avant le service de midi était bien chargé, aujourd’hui, on l’a presque perdu”. Si les crises sont en cause, c’est avant tout leurs conséquences, une en particulier : le télétravail. De nombreux bureaux se sont vidés dans les environs. Un coup non négligeable pour Baris et Aylin dont la clientèle est rarement étudiante. “En plus avec le covid, les gens ont compris qu’ils peuvent cuisiner et faire des économies” se dit Baris. Il n’y a pas que la perte des clients, le problème est aussi pour l’établissement. Les énergies augmentent pour tous. Alors on fait des économies. Deux plaques à crêpes sur quatre sont allumées sauf en période de grande affluence. Ou encore, une partie de la salle n’est pas éclairée. Le personnel est réduit et les patrons travaillent de temps en temps une ou deux heures en plus. Toujours avec le soutien du cuisinier Joseph, dit Papi, dont la longévité et la résistance n’ont rien à envier aux meubles.

Les temps sont durs mais rien pour déstabiliser Baris : “On a de bonne racine. La clientèle est fidèle et on garde toujours l’esprit positif”. Optimiste et aussi relativiste : “Il y a toujours pire”. À la Crêperie bretonne, les week-ends sont bien remplis : “On travaille bien, ça paye les factures”. Dans les moments compliqués, il y a aussi des épisodes plus heureux. Des clients reviennent après 10-20 ans d’absence malgré les aléas de la vie. D’autres clients, disparus depuis les confinements, réapparaissent progressivement.
Avant de terminer notre discussion, nous parlons de la Chandeleur. En ce 2 février, il est impossible d’éviter la question. – Alors, quelque chose de prévu ? “On fait des crêpes, comme d’hab !”.