Des jeunes deviennent députés le temps d’une semaine: "Cela permet de mieux comprendre la politique"
Pour la 26e année, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a accueilli des jeunes dans le cadre de la semaine “Parlement Jeunesse”.
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Publié le 22-02-2023 à 15h25 - Mis à jour le 22-02-2023 à 15h26
Mercredi, 11 heures Les députés prennent place au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Au programme : des débats autour de différents amendements au décret Climat. Cette scène n’a a priori rien d’extraordinaire. À ceci près que les députés n’appartiennent à aucun parti politique. Ce sont des jeunes âgés de 17 à 26 ans, étudiants ou non. Les décrets, eux, concernent l’État fictif de Péjigonie.
Pendant une semaine, 120 jeunes investissent l’institution afin d’examiner quatre projets de décret fictifs. Les “députés” et “députées” en débattent, les amendent et les votent. Le but est d’en apprendre plus sur le fonctionnement de la démocratie et de la politique en général. Le tout, dans une ambiance conviviale.
”Mieux comprendre la politique”
”Je m’attendais à ce que ce soit très formel”, explique Louise, 17 ans, en dernière année de secondaire. “C’est la première fois que je participe donc je stressais un peu. J’avais une idée générale du processus parlementaire, mais voir les choses concrètement aide à mieux comprendre.” Conquise par l’expérience, la jeune femme se lancera dans des études de sciences politiques dès l’année prochaine.
S’il y a effectivement beaucoup d’étudiants et étudiantes en droit et en sciences politiques, tout le monde peut participer. Il ne faut aucune notion avant d’arriver, juste la motivation de se plonger dans ce milieu. Corentin, 19 ans, est en première année d’assistant social. Rien à voir avec la politique donc, même s’il s’y intéresse depuis longtemps. “J’ai toujours aimé débattre. Venir ici m’a permis de me rendre compte à quel point l’échange est important dans le processus démocratique. On peut avoir une idée au départ, qui va évoluer après avoir entendu les arguments des autres.”
”Je n’osais pas parler en public avant d’arriver”
Corentin a toujours aimé parler en public, raison pour laquelle il envisage de s’engager comme militant. Mais il ne faut pas forcément avoir ça dans le sang pour participer à l’expérience. Ajla, une étudiante en droit qui participe depuis 4 ans, se souvient avoir été très timide en arrivant. “Je n’osais pas parler en public. Mais une fois qu’on voit d’autres le faire, on commence à le faire aussi.” Durant cette semaine, la jeune femme, qui est revenue de son Erasmus en Suède expressément pour l’occasion, occupe la fonction de Ministre de l’Éducation. Un rôle important qui demande des interventions régulières. “Je n’ai pas envie de me lancer en politique, mais ce qui m’attire, c’est le débat et le contact humain. Cela m’a aidée à évoluer en tant que personne. Dans mes études, j’ose plus facilement prendre la parole. Je me sens plus légitime pour parler. J’ose davantage m’affirmer.”
Au-delà du travail parlementaire, c’est aussi l’occasion pour les 150 jeunes de vivre ensemble. Ils logent en effet tous au même endroit, ce qui leur permet de créer des liens, même en dehors des différentes activités.
Un projet de longue haleine
La simulation en elle-même ne dure qu’une semaine, mais elle implique des centaines de jeunes tout au long de l’année. Il faut en effet préparer les décrets qui seront débattus durant la semaine. Pour s’assurer que le débat sera possible, les décrets sont testés dans des écoles secondaires, auprès d’élèves orientés dans les filières générales, techniques et professionnelles. C'est aussi l'occasion de motiver les jeunes et de faire de la pub pour le projet.
”Quand on arrive dans les classes, c’est parfois très intimidant pour les élèves de se lancer. Mais à la fin des simulations, on se rend compte que tout le monde a parlé. Le plus gratifiant pour nous, c’est quand des élèves viennent nous voir pour nous demander comment ils peuvent participer aux vraies simulations”, explique Lina, l’attachée de presse de l’événement.
Précisons qu'il n'y a pas que des rôles liés à la politique lors de cette semaine. Un pôle de jeunes jouant le rôle de journalistes fait également des publications quotidiennes.
Un succès confirmé
Les “Parlements jeunesse” existent depuis 26 ans en Belgique. Originaire du Canada, cette idée a été mise en place au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Puis, elle s’est étendue aux Parlements fédéral, flamand et bruxellois. “C’est une initiative gérée par des jeunes pour les jeunes”, résume Lina.
Le succès est tel que des partenariats ont été mis en place avec d’autres pays. Il y avait ainsi des jeunes venus du Canada, d’Italie, de Côte d'Ivoire ou encore des Etats-Unis.