Amour, séparation et blocus: un cocktail compliqué pour les étudiants
Les blocus de Noël et de mai sont toujours des périodes stressantes pour les jeunes. Mais quand une rupture amoureuse vient se rajouter, cela peut vite devenir impossible à gérer.
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- Publié le 28-05-2023 à 18h13
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"Avec mon copain, on avait une relation en dents de scie", se souvient Alicia. "Il avait l'habitude de me quitter en blocus ou la veille d'un examen. Etant donné que j'étais déjà très stressée par mes études, je le vivais très mal. Je passais des blocus horribles." Laurine a vécu la même chose. "Il m'a quittée deux semaines avant le blocus. Je crois que c'est le blocus le plus compliqué que j'ai eu. J'avais déjà le stress, la fatigue et la pression, alors avoir la tristesse en plus... Comme j'étudiais seule, mon esprit s'égarait à chaque fois que j'ouvrais un bouquin. J'avais vraiment du mal à me concentrer".
Je me suis senti bête de ne pas pouvoir étudier.
Cela paraîtra sans doute anecdotique à certains, mais les ruptures en période de blocus ou d'examens peuvent avoir des conséquences importantes sur le parcours d'un étudiant. "Personnellement, j'ai raté tous mes examens cette fois-là", explique Laura. Emily, elle, est arrivée en pleurant à l'une de ses épreuves. "J'ai croisé mon ex sur le chemin de l'auditoire, il m'a niée. Cela m'a rendue tellement triste que je me suis effondrée devant ma feuille. J'ai bien évidemment raté cet examen-là."
"Nous recevons toute l'année des étudiants et étudiantes qui vivent des ruptures compliquées", explique Aline De Witte, psychologue au service d'aide aux étudiants de l'UCLouvain. "Le blocus en rajoute une couche dans le sens où c'est déjà une période stressante pour beaucoup. Certains étudiants sont aussi plus isolés à ce moment de l'année et ça peut être plus difficile pour eux de se changer les idées", poursuit-elle.
Chacun a sa manière de faire face
Il n'y a en tout cas pas de manière universelle de gérer une rupture amoureuse. "Pour certains, la rupture sera bénéfique. Pour d'autres, elle va être dévastatrice. Chaque personne est différente", poursuit Aline De Witte. "Une rupture, c'est comme un deuil. Le processus peut être long. Le meilleur conseil que l'on pourrait donner aux étudiants est d'en parler, que ce soit à leurs proches ou à un psy. Nous sommes là pour les écouter et les aider", rappelle-t-elle.
Précisons qu'il n'y a pas de honte à être mal et à prendre le temps de digérer la nouvelle. "Je me suis senti bête d'être aussi mal et de ne pas pouvoir étudier", se souvient Loïc. "Je gardais tout pour moi. Puis, au bout de plusieurs jours, j'en ai parlé à un ami qui m'a dit que c'était normal d'être sonné par tout ça, qu'il comprenait que ce soit dur. C'était pas grand chose, mais ça m'a fait énormément de bien."
Je n'ai pas ouvert mes cours de tout le blocus
"Personnellement, j'ai réussi à tourner cette rupture en force. Je me suis dit que ce n'était pas parce que je ratais ma session que tout irait mieux", poursuit Alicia. "Même si en amour, ça n'allait pas, je voulais que le reste fonctionne. Je me suis dit qu'il avait déjà gâché mon blocus, il n'allait pas en plus gâcher mes vacances et me faire avoir une seconde sess. Finalement, je n'ai jamais eu d'aussi bons résultats", plaisante-telle. Laurine explique également s'être plongée dans ses cours pour ne plus y penser. "J'ai consulté une psy pour aller mieux. C'est elle qui m'a donné le déclic. Pour moi réussir mes examens était ma façon de dire que je ne me laissais pas aller."
"On voit parfois des étudiants qui sont dans le déni pendant leurs examens, qui arrivent à étudier presque normalement, puis qui relâchent tout. D'autres sont en phase de tristesse et de colère, ce qui les empêche d'étudier. Tout le monde ne va pas réagir de la même manière. Il est important de laisser parler ses émotions", souligne Aline De Witte.
Camille, par exemple, explique qu'elle était incapable de travailler. "Je n'ai pas ouvert mes cours de tout le blocus", dit-elle. "Je me suis écoutée comme je ne l'avais jamais fait avant. Quand j'avais envie de pleurer, je pleurais. Je me suis laissée le temps d'aller mal en me disant qu'il y avait pire que de rater ses examens. Puis il y a la seconde sess qui est faite pour se rattraper. L'échec fait partie de la réussite. Ma santé mentale passait avant tout." Finalement, la jeune femme a tout de même tenté sa chance et a réussi la majorité de ses examens. "J'ai relu vite fait mes notes avant de les passer et, comme j'ai été assidue tout le long de l'année, j'en ai réussi". Laura, elle, n'a rien réussi du tout. "J'étais dégoûtée de traîner ces cours l'année suivante, mais je me suis dit que j'allais forcément finir par les réussir et rattraper tout cela. Le plus important était que j'aille bien, et c'est le cas maintenant."