Chamil Bassaïev, le "terroriste numéro un"
Chamil Bassaïev, "terroriste N°1" pour Moscou, redoutable chef de guerre et leader des séparatistes radicaux tchétchènes, a revendiqué la plupart des attentats et attaques en Russie, dont la prise d'otages de l'école de Beslan qui s'est terminée par un bain de sang (339 morts).
Publié le 16-09-2004 à 00h00
Chamil Bassaïev, "terroriste N°1" pour Moscou, redoutable chef de guerre et leader des séparatistes radicaux tchétchènes, a revendiqué la plupart des attentats et attaques en Russie, dont la prise d'otages de l'école de Beslan qui s'est terminée par un bain de sang (339 morts). Agé de 39 ans, cet homme petit, aux yeux marrons et à la barbe noire fournie, a revendiqué vendredi la prise d'otages perpétrée à Beslan (Ossétie du Nord), sur un site internet proche des indépendantistes. Il y affirme que la "terrible tragédie" de Beslan est le résultat d'un assaut lancé par les forces russes, et non de l'explosion accidentelle d'une bombe placée par le commando terroriste dans l'école.
Le Service fédéral de sécurité russe (FSB) avait offert la semaine dernière 300 millions de roubles (10 millions de dollars) pour toute information permettant de "neutraliser" ce chef radical, ainsi qu'Aslan Maskhadov, le "président" indépendantiste tchétchène, qui se veut nettement plus modéré et avec qui Bassaïev semble avoir pris ses distances depuis début 2003.
Accusé par Moscou d'être lié à l'organisation terroriste Al-Qaïda, Bassaïev dirige depuis deux ans une "Brigade islamique des Martyrs". "Notre devise est 'la victoire ou le paradis'", dit-il. Cette brigade a aussi revendiqué l'explosion près de la station de métro Rijskaïa à Moscou (le 31 août, 10 morts) et le double attentat contre des avions de ligne (24 août, 90 morts).
Le très radical chef de guerre avait revendiqué la gigantesque prise d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou en octobre 2002 (130 morts parmi plus de 800 otages) et un attentat-suicide en août 2003 contre un hôpital militaire à Mozdok (Ossétie du Nord, plus de 50 morts).
A la fin de la première guerre russo-tchétchène (1994-1996), il a en Tchétchénie l'image d'un combattant intrépide et courageux, spécialiste des opérations militaires spectaculaires.
Né le 14 janvier 1965 à Vedeno, un bourg du sud-est de la Tchétchénie, marié deux fois et père d'au moins deux enfants, il a commencé sa carrière en luttant en Abkhazie aux côtés des séparatistes pro-russes contre la Géorgie, puis, selon des sources russes, en combattant du côté azerbaïdjanais pendant le conflit du Nagorny-Karabakh qui oppose Bakou à Erevan.
De retour en Tchétchénie en 1994, il participe dès le début à la guerre contre les Russes, où il établit sa réputation de combattant, prenant une part décisive à la reconquête éclair de Grozny, en août 1996.
Bassaïev a aussi une courte expérience politique: en janvier 1997 il se présente à la présidentielle tchétchène remportée par Maskhadov, dont il sera brièvement Premier ministre.
A son actif, un détournement d'avion vers la Turquie dès 1991 et une prise d'otages de plusieurs centaines de personnes dans le sud de la Russie en 1995 à Boudennovsk (166 morts). En pleine prise d'otages, il parle alors par téléphone au Premier ministre de l'époque Victor Tchernomyrdine, une conversation filmée et retransmise par toutes les télévisions russes.
Bassaïev est devenu l'ennemi numéro un de Moscou après une rébellion islamiste au Daguestan, république frontalière de la Tchétchénie, qu'il a dirigée en août 1999 avec le chef de guerre d'origine saoudienne Khattab, mort empoisonné en avril 2002. Il se réclamait alors du wahhabisme (islam radical).
A la suite de cette incursion et d'une série d'attentats en Russie (300 morts) que Moscou avait attribués sans preuves aux indépendantistes, notamment à Bassaïev, les Russes avaient déclenché la seconde guerre de Tchétchénie le 1er octobre 1999. Ils mettaient alors déjà sa tête à prix pour un million de dollars.
Et en août 2003, les Etats-Unis le plaçaient sur leur liste noire des personnes liées au terrorisme.