Poutine l'autocrate suscite la critique
L'ancien président russe Boris Eltsine a mis en garde contre un recul de la démocratie, après l'annonce de réformes «radicales» du système de pouvoir par son successeur Vladimir Poutine, dans une interview à l'hebdomadaire «Moskovskie Novosti» à paraître ce vendredi.
Publié le 16-09-2004 à 00h00
L'ancien président russe Boris Eltsine a mis en garde contre un recul de la démocratie, après l'annonce de réformes «radicales» du système de pouvoir par son successeur Vladimir Poutine, dans une interview à l'hebdomadaire «Moskovskie Novosti» à paraître ce vendredi.
«Victoire des terroristes»
«Nous ne nous permettrons pas de renoncer à la lettre, et, surtout, à l'esprit de la Constitution que le pays a adoptée lors d'un référendum national en 1993, ne serait-ce que parce que l'étouffement des libertés et l'amoindrissement des droits démocratiques seraient aussi une victoire des terroristes», déclare M.Eltsine dans cette interview. «Seul un pays démocratique est capable de s'opposer efficacement au terrorisme. Et compter participer à cette lutte côte à côte avec tous les pays civilisés du monde», explique encore l'ancien Président.
Le président Poutine a proposé lundi de renforcer «radicalement» le système de pouvoir pour assurer «l'unité» du pays face à la menace terroriste. Il a prôné notamment une réforme supprimant l'élection au suffrage universel des gouverneurs de régions, dont la candidature devrait désormais être proposée par le Kremlin et entérinée par les assemblées régionales.
«Equilibre du pouvoir»
Mercredi, le président américain George W. Bush a lancé lui aussi une mise en garde à Vladimir Poutine sur le maintien de la démocratie en Russie. «Je suis aussi préoccupé par les décisions qui ont été prises en Russie et qui pourraient y affaiblir la démocratie. Les grands pays, les grandes démocraties, doivent respecter un équilibre du pouvoir entre le gouvernement central et le gouvernement local, un équilibre du pouvoir au sein même du gouvernement central entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire», a déclaré M.Bush lors d'un discours à la Maison-Blanche. «Tout en combattant les ennemis de la démocratie, les gouvernements doivent défendre les principes de la démocratie», a-t-il ajouté.
Le porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan avait auparavant déclaré mercredi que les Etats-Unis défendaient «le droit de la Russie à combattre vigoureusement le terrorisme et nous nous tenons aux côtés du peuple russe dans son combat contre le terrorisme». «Nous avons quelques préoccupations sur les mesures qui ont été annoncées et nous en discutons avec nos homologues russes pour obtenir plus d'information s», avait-il toutefois ajouté.
Le secrétaire d'Etat adjoint américain Richard Armitage avait lui-même qualifié mardi, lors d'une visite en Lettonie, de «pas en arrière» vis-à-vis de la transparence et la démocratie, le renforcement du pouvoir du Kremlin.
Les déclarations du Président américain interviennent alors que la presse américaine s'indigne des mesures annoncées par le Kremlin. «L'impudence de l'assaut de Vladimir Poutine contre la démocratie russe ces derniers jours devrait pousser à réagir un Président américain qui a fait de la défense de la démocratie la pièce centrale de son discours en matière de politique étrangère», écrivait le quotidien «Washington Post» dans un éditorial mercredi.
MM.Bush et Poutine passent pour entretenir de bonnes relations personnelles même si Moscou s'était opposé à l'intervention militaire américano-britannique contre l'Irak en mars 2003.
© La Libre Belgique 2004