Prise d'otage de Beslan renvendiquée

Le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, leader du mouvement séparatiste radical, a revendiqué la prise d’otages perpétrée dans une école de Beslan (Ossétie du Nord), dans une lettre publiée vendredi par le site internet Kavkazcenter.com, proche des indépendantistes.

AFP
Prise d'otage de Beslan renvendiquée
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Le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, leader du mouvement séparatiste radical, a revendiqué la prise d’otages perpétrée dans une école de Beslan (Ossétie du Nord), dans une lettre publiée vendredi par le site internet Kavkazcenter.com, proche des indépendantistes. Chamil Bassaïev assure notamment dans cette lettre, dont l’autenthicité n’a pu être vérifiée, que la «terrible tragédie» de Beslan est le résultat d’un assaut lancé par les forces russes, et non de l’explosion accidentelle d’une bombe placée par le commando terroriste dans l’école.

«Nous affirmons que les services spéciaux russes ont lancé l’assaut», relève-t-il, soulignant que les murs à l’intérieur du gymnase où étaient détenus les otages ne portaient pas les traces de l’explosion et que toutes les bombes étaient reliées entre elles. Si l’une avait explosé, «les 20 bombes auraient explosé».

Le chef radical propose une enquête indépendante sur les événements de Beslan qui serait menée par l’ONU ou l’Union européenne, et se dit prêt à coopérer à cette enquête.

La lettre de revendication est publiée sur le site Kavkazcenter.com, celui qu’utilisent généralement les indépendantistes tchétchènes pour faire passer leurs messages. Elle est signée «Abdallah Chamil», le nom que s’est donné Chamil Bassaïev.

«Grâce à Allah, la brigade des martyrs +Riadous-Salikhin+ (formée il y a deux ans par le chef radical) a mené une série d’opérations militaires réussies sur le territoire russe», dont «l’opération de Beslan (1er au 3 septembre, au moins 339 morts) menée par le 2e bataillon de martyrs placé sous le commandement du colonel Orstkhoïev», note-t-elle.

Cette brigade revendique par la même occasion l’explosion près de la station de métro Rijskaïa à Moscou, «organisée par le département régional des martyrs de Moscou» (le 31 août, 10 morts) et «l’explosion de deux avions civils réalisée par le département des opérations spéciales» (24 août, 90 morts).

Chamil Bassaïev souligne en outre que le commando de Beslan était composé de 33 personnes: 14 Tchétchènes (dont 2 femmes), 9 Ingouches, 3 Russes, 2 Arabes (sans précision), 2 Ossètes, un Tatar, un Kabarde, et un Gouran (un peuple sibérien).

Les séparatistes tchétchènes radicaux ajoutent n’avoir rien de commun avec «le terrorisme international» dont fait état le président russe Vladimir Poutine.

Ils ajoutent que les «brigades Islambouli» n’ont rien à voir avec la récente vague d’attentats perpétrés en Russie et sont le fruit de «l’imagination du FSB» (ex-KGB). Selon un site internet islamiste, les brigades Islambouli avaient revendiqué l’explosion de deux avions russes en vol et l’attentat près de la station de métro de Rijskaïa.

«Les Tchétchènes ont les forces pour combattre seuls contre la Russie». Ils «se battent exclusivement contre la Russie pour la liberté et l’indépendance», et «pour l’instant uniquement sur le territoire tchétchène et russe».

Chamil Bassaïev précise avoir transmis lors de la prise d’otages, par l’intermédiaire de l’ex-président ingouche Rouslan Aouchev, une lettre adressée à Vladimir Poutine dans laquelle il demandait le retrait des troupes russes de Tchétchénie et l’indépendance de la république rebelle et proposait en échange la paix et «la sécurité» pour la Russie.

«Nous regrettons ce qui s’est passé à Beslan. Mais c’est la guerre, déclarée par Vladimir Poutine il y a cinq ans, et qui a tué plus de 40.000 enfants tchétchènes et rendu plus de 5.000 d’entre eux handicapés». «Nous n’avons pas beaucoup de choix. On nous propose la guerre et nous la mènerons jusqu’à la victoire», ajoute le texte.


Le chef de file de l’opposition libérale russe Grigori Iavlinski a critiqué la gestion de la prise d’otages à l’école de Beslan et la censure qu’il a perçue dans les reportages sur l’acte terroriste, dans une interview publiée vendredi par le quotidien Vedomosti. «Le centre fédéral n’a jamais énoncé sa priorité, son principal et unique objectif, celui de sauver les otages et avant tout les enfants», lors de la prise d’otages en Ossétie du Nord qui a fait au moins 339 morts dont plus de 150 enfants, déclare M. Iavlinski. Le Kremlin «n’a pas non plus créé un état-major qui aurait des pouvoirs réels et illimités (...) et n’a pas pris de décision politique sur des négociations» avec le commando, estime-t-il. Selon lui, la prise d’otages est «une conséquence tragique de quinze ans d’une politique d’humiliation, de domination, de mensonge et de répression contre la population tchétchène». La Russie, selon lui, doit investir dans le développement du Caucase du Nord entre 6% et 7% du PIB russe, «pour éviter de perdre cette région ou d’éclater elle-même». Le chef de file libéral a de nouveau appelé le Kremlin aux négociations politiques «avec ses adversaires et même avec ses ennemis» dans le Caucase. «Mais pas avec les assassins, les preneurs d’otages et les terroristes. Il est difficile de distinguer entre ces (deux) groupes, mais c’est absolument indispensable», selon M. Iavlinski. «Il faut également stopper une censure d’Etat anticonstitutionnelle», a-t-il estimé, «arrêter de fermer la bouche aux médias quand ils veulent annoncer plus de 1.200 otages à l’école» de Beslan. Les porte-paroles officiels et les télévisions russes ont pendant les deux premiers jours minimisé le nombre d’otages à l’école, évoquant quelques 350 personnes à l’intérieur du bâtiment. Plusieurs analystes ont estimé que la couverture de la prise d’otages de Beslan et de son dénouement tragique a illustré la main-mise croissante du Kremlin sur l’information disponible en Russie.

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