TPIR: comment les paras belges ont été massacrés
Comparaissant comme témoin de l'accusation, un Rwandais qui était alors le chauffeur d'un des accusés du meurtre de dix casques bleus belges, a indiqué que c'est son ancien patron, le major François-Xavier Nzuwonemeye, qui avait envoyé des soldats tuer les Belges ainsi que le Premier ministre rwandais que ces derniers devaient protéger, Agathe Uwiliyingimana.
- Publié le 30-09-2004 à 00h00
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Comparaissant comme témoin de l'accusation, un Rwandais qui était alors le chauffeur d'un des accusés du meurtre de dix casques bleus belges à Kigali, le 7 avril 1994, a indiqué que c'est son ancien patron, le major François-Xavier Nzuwonemeye, ex-commandant du bataillon de reconnaissance, qui avait envoyé des soldats tuer les Belges ainsi que le Premier ministre rwandais que ces derniers devaient protéger, Agathe Uwiliyingimana.
Le chauffeur affirme avoir entendu Nzuwonemeye donner, à plusieurs reprises, des instructions à un de ceux qui sont aujourd'hui ses co-accusés devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le capitaine Innocent Sagahutu.
Il l'a notamment entendu donner l'ordre d' «envoyer deux véhicules blindés pour appuyer la garde présidentielle devant la résidence du Premier ministre», qu'elle assiégeait. Selon le témoin, Nzuwonemeye aurait précisé qu'il s'agissait ainsi de «s'assurer que Mme Uwiliyingimana était bien là, qu'elle ne puisse fuir et qu'elle soit tuée».
Une fois cet ordre exécuté, le chauffeur dit avoir entendu des coups de feu en provenance de la résidence assiégée du Premier ministre.
«Nzuwonemeye, assis dans la voiture, disposait d'un motorola, par lequel il a appelé les soldats, qui lui ont communiqué qu'ils avaient trouvé le Premier ministre qui se cachait dans une chambre de domestique et qu'ils l'avaient tuée».
Les paras belges
Le chauffeur dit encore avoir vu Nzuwonemeye, Sagahutu et d'autres officiers installés près du bureau du commandant du camp militaire Kigali, où les casques bleus avaient été amenés après s'être laissé désarmer, «regarder les soldats belges se faire tuer par des soldats» rwandais. Neuf des dix Belges, a indiqué le témoin, ont été battus à mort à l'aide de crosses de fusil, «aucun n'a été tué par balle».
Nzuwonemeye aurait ensuite ordonné de démolir, grâce à un blindé, la pièce dans laquelle était réfugié le dernier survivant belge. Puis il ordonna de tirer sur ce dixième para, qui résistait et avait abattu un soldat rwandais.
Le témoin a encore indiqué que son patron, durant le génocide, faisait fréquemment des patrouilles de deux heures en ville, au cours desquelles il assistait, sans rien dire, au massacre de Tutsis par des membres de la milice extrémiste hutue Interahamwé. Nzuwonemeye se contentait d'observer.
Quand la situation a commencé à devenir difficile pour le régime génocidaire, l'officier a ordonné au témoin d'amener sa femme en voiture à Bukavu (Congo). (avec Hirondelle et AFP)
© La Libre Belgique 2004