Le G8 ébranlé mais le sommet se poursuit
Publié le 06-07-2005 à 00h00
Les dirigeants du G8 réunis en Ecosse ont été choqués jeudi par la série d’attentats meurtriers commis dans les métro et bus à Londres au premier jour de leur réunion mais le sommet devait se poursuivre malgré cette onde de choc.
«Il est raisonnablement clair qu’il y a eu une série d’attaques terroristes à Londres. Il y a de toute évidence des victimes, des personnes qui sont mortes et qui sont grièvement blessées», a annoncé, visiblement très ému, le Premier ministre britannique Tony Blair dans une brève déclaration à Gleneagles (Ecosse).
Président en exercice du G8, il a fait part de sa décision de se rendre à Londres «dans quelques heures», mais a précisé que le sommet continuait et qu’il devrait revenir dans la soirée.
Il a qualifié ces attentats de «barbares» et affirmé la détermination des grandes puissances à «défaire» le terrorisme.
Le président français Jacques Chirac a été le premier à réagir. Il a exprimé toute son «horreur» et «la totale solidarité de la France» à Tony Blair.
Les explosions à Londres se sont produites peu après le début officiel du sommet dont les deux thèmes principaux sont l’aide à l’Afrique et la lutte contre le réchauffement climatique.
Les premiers bilans font état de 2 morts et d’un nombre indéterminé de blessés, mais des informations en provenance d’autres capitales européennes évoquent un bilan beaucoup plus lourd.
Il y a eu six explosions dont une dans un autobus et nous craignons qu’il s’agisse d’une attaque coordonnée, a déclaré le chef de Scotland Yard, Ian Blair.
Avant l’annonce de ces attentats, M. Blair avait eu une première rencontre bilatérale le matin avec le président américain George W. Bush à l’issue de laquelle il a été fait état d’avancées sur la lutte contre le changement climatique.
Les dirigeants du G8 ont un «consensus» sur les questions liées au changement climatique, a ainsi annoncé George W. Bush.
Tout en rappelant son opposition au protocole de Kyoto qui visent à réduire les émissions de gaz, le président américain a estimé qu’il fallait maintenant se diriger vers une ère «post-Kyoto».
Le projet d’accord entre les huit pays les plus riches de la planète prévoit «un plan d’actions à mettre en oeuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais il ne comporte aucune indication chiffrée, rien d’obligatoire», a précisé le diplomate italien Cesare Ragaglini, conseiller du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi pour le G8.
Dans la journée, les dirigeants du G8 devaient également rencontrer ceux des grands pays émergents, Chine, Mexique, Brésil, Afrique du Sud, et Inde. Ces pays sont potentiellement de grands consommateurs d’énergie et donc responsables d’émissions importantes de gaz à effet de serre.
Le sommet du G8 de Gleneagles va essayer de dégager un consensus pour l’avenir sur le réchauffement climatique, et n’a pas pour but de commencer la négociation d’un nouveau traité de type Kyoto, a estimé Tony Blair. Il a expliqué qu’il n’était pas question de revenir sur les désaccords sur le traité de Kyoto, dont les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler.
«C’est une discussion qu’il y a eu et nous ne pouvons pas résoudre cela, et nous n’allons pas négocier un quelconque nouveau traité ici à la réunion du G8», a-t-il déclaré.
Tony Blair a plaidé pour «une approche mesurée» qui pourrait permettre d’impliquer les Etats-Unis et les grands pays émergents dans un consensus sur le climat. L’objectif est de préparer l’avenir, et l’après-Kyoto, le traité de réduction des émissions de gaz à effet de serre arrivant à échéance en 2012.
«Tout ce qui importe, c’est de voir s’il sera possible dans l’avenir de ramener les gens dans un consensus. Pas seulement l’Amérique, l’Europe et le Japon, mais l’Amérique, l’Europe, le Japon et les économies émergentes qui, dans le futur, seront les grands consommateurs d’énergie», a-t-il dit.
Les dirigeants du G8 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada, Russie) devaient aussi aborder jeudi l’état de l’économie mondiale, sérieusement menacée par la flambée des prix du pétrole.