Un «bonus grossesse» pour éviter l'avortement?
La gauche italienne a proposé la mise en place d'un «bonus grossesse» destiné à aider les femmes en difficulté économique et sociale qui ne voudraient pas avorter, sur fond de virulente polémique depuis deux mois quant à l'introduction de la pilule abortive en Italie.
Publié le 01-12-2005 à 00h00
La gauche italienne a proposé la mise en place d'un «bonus grossesse» destiné à aider les femmes en difficulté économique et sociale qui ne voudraient pas avorter, sur fond de virulente polémique depuis deux mois quant à l'introduction de la pilule abortive en Italie.
De 250 à 350 euros par mois
L'amendement a été présenté par des responsables des deux plus importants partis d'opposition, les Démocrates de gauche (DS) et la Margherita. S'il est adopté, le texte sera inséré dans la loi de Finances qui doit être votée avant la fin de l'année.
Pour les filles mères ayant un revenu annuel inférieur à 25000€, le projet prévoit une aide mensuelle de 250€ à partir du troisième mois de grossesse. Et pour les femmes au chômage ou celles dont les revenus ne dépassent pas les 40000€ par an, le texte propose un versement de 350€ par mois à partir du sixième mois de grossesse.
«Ce n'est pas une mesure «anti-avortement». Je veux soutenir la maternité des femmes qui choisissent librement d'être mères. Et je ne veux pas qu'une femme avorte parce qu'elle n'a pas les moyens d'élever son enfant», a martelé Livia Turco (Démocrates de gauche). «Nous ne voulons plus que le fait d'avoir un enfant devienne un luxe, comme c'est le cas aujourd'hui. Il n'y a rien d'idéologique là-dedans», a ajouté Giuseppe Fioroni (DS).
La proposition a aussitôt été qualifiée de «positive» par Elio Sgreccia, membre de l'académie pontificale pour la vie, un organisme dépendant du Vatican.
Pilule abortive
Un débat enflammé agite les milieux religieux et politiques italiens depuis le lancement, le 15 septembre dernier, d'une première expérimentation dans un hôpital de Turin de la pilule abortive, toujours interdite en Italie alors que l'avortement est autorisé depuis 1978. Le ministre de la Santé Francesco Storace tente d'empêcher son introduction en Italie.
Fin novembre, Francesco Storace, connu pour son hostilité à l'avortement, avait aussi fait part de sa volonté de faire entrer des militants «pro-vie» dans les centres de consultations pré-IVG, avec l'objectif avoué de rendre plus difficile la démarche des femmes désireuses d'interrompre une grossesse.
«La loi doit être appliquée intégralement, à commencer par les dispositions sur la prévention qui soulignent le droit à avorter, mais aussi à ne pas avorter», a-t-il martelé à différentes reprises.
Il a souhaité une «présence culturelle pluraliste» aux consultations pré-IVG, en citant «par exemple, le mouvement pour la vie», une association anti-avortement dont l'activité a été saluée mercredi dernier par le pape Benoît XVI. (AFP)
© La Libre Belgique 2005