Le gouvernement Hamas accepté?

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, donnera-t-il sa chance au Hamas? Dimanche soir à Gaza, le Premier ministre désigné, Ismaïl Haniyeh, lui a présenté son gouvernement, composé de 24 ministres dont une femme et un chrétien. Et quoique des divergences subsistent, M. Abbas tend à l'accepter, dit son entourage, afin de ne pas susciter de crise constitutionnelle.

RENEE-ANNE GUTTER
Le gouvernement Hamas accepté?
©AP

Correspondante à Jérusalem

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, donnera-t-il sa chance au Hamas?

Dimanche soir à Gaza, le Premier ministre désigné, Ismaïl Haniyeh, lui a présenté son gouvernement, composé de 24 ministres dont une femme et un chrétien. Et quoique des divergences subsistent, M. Abbas tend à l'accepter, dit son entourage, afin de ne pas susciter de crise constitutionnelle. L'on n'exclut cependant pas qu'il se donne encore quelques jours pour amener le Hamas à assouplir son programme, avant de déclencher les procédures d'investiture. Après l'aval présidentiel, le gouvernement doit être endossé par le Conseil législatif palestinien. Là, pas de problème: depuis les législatives de janvier, le Hamas y a une majorité de 74 députés sur 132.

Indulgence

Selon la loi fondamentale de l'Autorité palestinienne, M. Abbas ne peut intervenir dans la composition du gouvernement mais peut révoquer le Premier ministre et torpiller ainsi l'ensemble du cabinet. Cependant, selon la presse palestinienne, deux développements ont rendu M. Abbas indulgent. Primo, l'humiliant assaut israélien de la prison de Jéricho, au mépris des accords avec l'Autorité palestinienne. Comment exiger du Hamas qu'il respecte des accords internationaux si Israël, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne le font pas? Secundo, les déclarations de M. Haniyeh, vendredi, à la chaîne de télévision américaine CBS: non seulement il ne s'oppose pas à ce que M. Abbas poursuive les négociations avec Israël au nom de l'OLP, mais lui-même «n'a jamais encouragé les attentats-suicides» et «espère signer un jour un accord de paix avec Israël».

Pourtant, M. Haniyeh a repoussé les exigences que M. Abbas avait posées en lui confiant la formation du gouvernement. Le gouvernement Hamas n'endosse ni la proclamation d'indépendance palestinienne de l'OLP en 1988 (qui appelle à une solution négociée avec Israël), ni le plan de la Ligue arabe (qui appelle à la reconnaissance d'Israël en échange du retrait israélien aux lignes de 67 et d'une solution pour les réfugiés palestiniens), ni les résolutions onusiennes concernant la Palestine. Au contraire.

Aucun allié

Il défend en effet la résistance armée et se réserve le droit de réexaminer les accords existants «en fonction des intérêts du peuple palestinien». Et c'est uniquement si Israël reconnaît les droits du peuple palestinien et «fait une proposition sérieuse» pour un retrait total des territoires occupés depuis 1967, que le gouvernement Hamas sera prêt à » envisager des mécanismes de négociations».

Aucun parti n'a accepté de s'allier au gouvernement Hamas. Même le Front populaire de libération de la Palestine s'est retiré, le Hamas refusant de reconnaître l'OLP comme seule représentante légitime du peuple palestinien. Les Affaires étrangères iront à l'irréductible Mahmoud A-Zahar. L'Intérieur, qui chapeaute la police et la sécurité, ira au pragmatique Saïd Siam, parmi les leaders du Hamas les plus respectés à Gaza. Le Trésor sera confié à Omar Abdel Razek, professeur d'économie à l'Université d'A-Najah de Naplouse, relâché il y a trois jours de la prison israélienne. Le modéré Nasser Eddine Chaèr, professeur en études islamiques à Naplouse, serait le bras droit de M. Haniyeh en Cisjordanie, vu qu'Israël interdit à ce dernier de quitter Gaza.

© La Libre Belgique 2006

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