Papon enterré avec sa légion d'honneur
Maurice Papon, condamné pour complicité de crime contre l'humanité pour son rôle dans la déportation de juifs, a été inhumé mercredi à Gretz-Armainvilliers, son village natal, avec sa Légion d'honneur. Mort samedi dernier à 96 ans après avoir été hospitalisé et opéré pour une insuffisance cardiaque, Maurice Papon a été inhumé dans le caveau familial
Publié le 20-02-2007 à 00h00
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Maurice Papon, condamné pour complicité de crime contre l'humanité pour son rôle dans la déportation de juifs, a été inhumé mercredi à Gretz-Armainvilliers, son village natal, avec sa Légion d'honneur. Mort samedi dernier à 96 ans après avoir été hospitalisé et opéré pour une insuffisance cardiaque, Maurice Papon a été inhumé dans le caveau familial du petit cimetière de Gretz en présence d'une cinquantaine de proches. "J'ai tenu parole, la croix de commandeur de la Légion d'honneur remise des mains du général de Gaulle veille sur l'âme de Maurice Papon pour l'éternité", a déclaré Me Vuillemin, confirmant que le défunt avait été inhumé avec sa décoration, conformément à ses déclarations après la mort de son client.
Celles-ci avaient déclenché une polémique, de sorte que le grand chancelier de la Légion d'Honneur, le général Jean-Pierre Kelche, avait rappelé que Maurice Papon avait été exclu de cet ordre, ne pouvant plus porter cette décoration et ayant été condamné en mars 2005 pour l'avoir fait. "Les symboles sont plus forts que le droit. (...) Aujourd'hui pour moi s'achève cette étrange affaire. Elle appartient à l'histoire", a déclaré Me Vuillemin à la presse près du cimetière, sous les huées de quelques badauds, dont un jeune étudiant algérien affirmant avoir "honte" d'habiter Gretz-Armainvilliers.
"La classe politique peut aboyer, elle ne m'impressionne pas", a déclaré l'avocat, en réaction aux critiques de plusieurs personnalités politiques. Une Parisienne, Claire Betton, s'est rendue devant le cimetière avec dans les bras le Mémorial de la déportation des Juifs de France, qui recense la liste de noms des déportés. "Il y en a plein qui auraient aimé mourir dans leur lit à 96 ans", a-t-elle déclaré, évoquant le sort des victimes de l'extermination.
Un habitant de Seine-et-Marne, William Thiphaine, était là pour manifester sa révolte, arborant une étoile jaune sur laquelle était inscrit "légion de déshonneur". Le corps de Maurice Papon a été inhumé peu avant 16H00 dans le caveau familial, après avoir été acheminé à 15H30 du funérarium de Tournan-en-Brie, une localité voisine, où avait été effectuée la mise en bière.
Parmi les personnes présentes, on notait la présence d'Olivier de Sarnez, président de l'association des médaillés de la Résistance, le père de Marielle de Sarnez, directrice de campagne du candidat UDF François Bayrou. S'exprimant "à titre personnel", bien que n'ayant jamais côtoyé Maurice Papon, il a estimé "intolérable" et aberrante" la condamnation de Maurice Papon, la jugeant "aussi scandaleuse que celle du capitaine Dreyfus" car, selon lui, "Maurice Papon a toujours honoré la République, il n'a jamais commis de geste de collaboration".
Au cimetière on pouvait remarquer parmi les gerbes des proches apposées sur la tombe du défunt, celle de Serge Vinçon, sénateur UMP, en sa qualité de maire de Saint-Amand-Montrond (Cher), où il avait succédé à Maurice Papon à la tête de la municipalité.
Plusieurs dizaines de journalistes étaient présents lors de l'inhumation, tenus à distance par des policiers en civil. Après un discours d'un prêtre "en civil", les proches du défunt se sont recueillis lors d'une prière.
Condamné en 1998 à 10 ans de réclusion pour son action comme secrétaire général de la préfecture de Gironde sous l'Occupation, en fuite en 1999, M. Papon a été incarcéré près de trois ans avant d'être libéré le 18 septembre 2002 pour raison de santé.