L'Inde s'engage à protéger Taslima Nasreen, menacée par des islamistes
L'Inde a promis mercredi de protéger l'écrivain bangladaise Taslima Nasreen, qui vit en exil dans ce pays mais qui se cache sous la menace de groupes islamistes désireux de la faire expulser, voire l'assassiner pour ses blasphèmes supposés envers l'islam.
Publié le 27-11-2007 à 00h00
L'Inde a promis mercredi de protéger l'écrivain bangladaise Taslima Nasreen, qui vit en exil dans ce pays mais qui se cache sous la menace de groupes islamistes désireux de la faire expulser, voire l'assassiner pour ses blasphèmes supposés envers l'islam. "L'Inde n'a jamais refusé d'accueillir ceux qui viennent en quête de notre protection", a déclaré au Parlement le ministre des Affaires étrangère Pranab Mukherjee. "L'Inde offrira un refuge à Taslima Nasreen", a-t-il assuré.
La romancière, surnommée depuis 15 ans "la Salman Rushdie du Bangladesh", est chassée depuis jeudi de ville en ville, à la suite d'émeutes de 5.000 islamistes qui réclamaient son expulsion de Calcutta.
Après avoir fui cette mégalopole de l'est où elle résidait, Mme Nasreen s'est réfugiée dans l'Etat du Rajasthan (nord-ouest) avant d'être mise au secret pendant le week-end à New Delhi.
Ces transferts forcés ont provoqué une polémique en Inde entre le gouvernement communiste de l'Etat du Bengale occidental, dont Calcutta est la capitale, et le parti nationaliste hindou, Bharatiya Janata (BJP). Le BJP a jugé que la romancière musulmane athée de 45 ans était "traitée comme un ballon de football".
Le chef de la diplomatie indienne a demandé à Mme Nasreen d'éviter de faire des déclarations qui "puissent heurter les sentiments de notre peuple".
L'Inde compte quelque 150 millions de musulmans, sur 1,1 milliard d'habitants, en grande majorité hindous, et son histoire est jalonnée d'émeutes interconfessionnelles.
New Delhi avait refusé en 2005 d'accorder la citoyenneté indienne à Mme Nasreen. Son visa de résident étranger expire en février 2008. Mme Nasreen vit en exil entre l'Europe, les Etats-Unis et l'Inde depuis qu'elle a été menacée de mort par des islamistes au Bangladesh en 1994.
En mars, un groupe islamiste du nord de l'Inde a promis une récompense pour sa décapitation et, en août, elle a été agressée publiquement par des militants musulmans à Hyderabad (sud).
Elle est poursuivie en justice en Inde pour offense à l'islam et risque jusqu'à trois ans de prison pour "avoir attisé la discorde, la haine et la malveillance" entre groupes religieux.
L'écrivain a été condamnée en 2002 à un an de prison au Bangladesh pour son roman "Lajja" ("honte"), dans lequel elle décrit les persécutions contre la minorité hindoue bangladaise perpétrées par la majorité musulmane, lors d'émeutes interconfessionnelles en Inde en décembre 1992.