"Ingrid Betancourt refuse de se soigner et de s'alimenter"

L'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, est dans un état très grave, refuse de s'alimenter et de prendre des médicaments, a indiqué lundi la radio privée Caracol, citant les services de renseignements de l'armée colombienne. Lorenzo Delloye lance un appel à la mobilisation

AFP
"Ingrid Betancourt refuse de se soigner et de s'alimenter"
©AP

L'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt était encore vivante la semaine dernière mais en mauvaise santé, a révélé lundi un paysan de la localité d'El Retorno (450 km au sud-est de Bogota), un fief de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxiste). De son côté, la radio privée Caracol, citant les services de renseignement de l'armée a confirmé lundi qu'Ingrid Betancourt est "vivante" mais dans un état grave et "n'accepte pas les médicaments et la nourriture que lui donnent les guérilleros".

Le paysan de El Retorno dont les propos ont été rapportés à l'AFP par des responsables locaux, affirme avoir rencontré Ingrid Betancourt le dimanche 23 mars. "Le paysan m'a dit qu'il lui (Ingrid) avait touché la main et tenté et de la tranquiliser car elle était très déprimée", a déclaré un habitant du village sous couvert de l'anonymat. Ingrid Betancourt "était très mal, triste, comme si elle n'avait plus envie de vivre. Elle était très pâle, très maigre et il semblait refuser de manger", a précisé l'habitant.

Le paysan qui a reconnu Ingrid grâce aux images de la télévision, affirme avoir réussi à un peu réconforter l'otage. Il lui a dit: "reprenez courage, ne vous inquiétez pas" et Ingrid souriait mais ne répondait pas. Selon d'autres témoins, comme le prêtre catholique Manuel Mancera, Ingrid Betancourt qui souffre d'hépatite B, a été amenée par ses ravisseurs en février dans au moins trois centres médicaux de la région et elle a passé cinq jours, du 15 au 20 février, dans la localité voisine d'El Capricho.

Le curé a précisé que les guérilleros qui escortaient Ingrid Betancourt, étaient "habillés en civil" et que l'otage résidait dans une ferme, proche du dispensaire. Cette version a été confirmée le 27 mars par le médiateur colombien Volmar Perez, une personnalité indépendante chargée des relations entre la population et les autorités. Ce médiateur a également fait état d'une nouvelle détérioration de l'état de santé de l'otage, déjà très mauvais.

L'infirmière, le médecin et l'ambulancier du centre médical ont été longuement interrogés par l'armée et la police. Le médecin a quitté le village et ses deux collaborateurs ont demandé à être mutés dans une autre région. "L'armée a même menacé l'infirmière de la soumettre au détecteur de mensonges", a expliqué un villageois. Le paysan qui a rencontré Ingrid Betancourt, dit être aujourd'hui "en danger de mort". Et l'évêque a demandé au prêtre Mancera de ne plus faire de déclarations à la presse. "Si Ingrid meure, il ne me restera pas le poids d'avoir été silencieux", s'est défendu le religieux.

Dans le département de Guaviare règne la loi du silence, les paysans ont peur de représailles de guérilleros, contre leur famille, leur bétail ou leur habitation. Dans chaque village, la guérilla dispose d'informateurs qui connaissent les moindres faits et gestes des habitants. La guérilla des Farc, en lutte depuis 1964 contre les autorités colombiennes, demande la libération de 500 guérilleros emprisonnés contre celle de 39 otages dits "politiques", dont Ingrid Betancourt enlevée il y a plus de six ans.

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