Pas de libération sans contrepartie

La mission humanitaire mise en place par la France pour tenter d'accéder à l'otage des Farc Ingrid Betancourt s'est heurtée dès son arrivée jeudi à Bogota à une fin de non-recevoir des guérilleros des Farc qui n'acceptent pas de libérations unilatérales d'otages.

AFP
Pas de libération sans contrepartie
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La mission humanitaire mise en place par la France pour tenter d'accéder à l'otage des Farc Ingrid Betancourt s'est heurtée dès son arrivée jeudi à Bogota à une fin de non-recevoir des guérilleros des Farc qui n'acceptent pas de libérations unilatérales d'otages.

Un haut dirigeant des Farc, Rodrigo Granda, a affirmé jeudi qu'il n'aurait pas de libérations d'otages sans un échange avec des guérilleros emprisonnés, dans un communiqué diffusé sur internet par l'Agence bolivarienne de presse (ABP). "C'est seulement comme conséquence d'un échange de prisonniers que ceux qui sont retenus dans nos camps pourront en sortir libres", a annoncé M. Granda.

Auparavant l'agence ANNCOL, proche des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), a qualifié jeudi "d'ingénu" le président français Nicolas Sarkozy, en commentant sa décision d'envoyer une mission humanitaire sans avoir obtenu d'accord préalable avec la guérilla. "Il faut déplorer que le président Sarkozy soit aussi ingénu et que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) accompagne cette aventure dangereuse", a estimé ANNCOL. Un avion français Falcon 50 est prêt à décoller pour se rendre à San Jose del Guaviare (sud-est), ville située dans la région où se trouverait Ingrid Betancourt, a rapporté jeudi la radio privée Caracol.

Depuis Bucarest pour le sommet de l'Otan, le président Sarkozy s'est refusé à livrer le moindre détail sur la mission, qui compte parmi ses membres un ancien consul de France à Bogota, Noël Saez, selon une source proche du dossier. "J'ai des nouvelles mais, compte-tenu de la sensibilité de cette question je ne veux pas en dire davantage", s'est contenté de déclarer M. Sarkozy. Les commentaires d'ANNCOL ne sont guère encourageants, laissant entendre que le succès de la mission, à laquelle sont également associées l'Espagne et la Suisse, paraît compromis. "Nous ne devons pas oublier que la France est un pays capitaliste, que son président est de droite (......) et que nous ne savons pas quelles sont les limites de la sincérité de Sarkozy", poursuit ANNCOL.

L'absence de contact de l'ambassade de France avec les rebelles depuis l'élimination par l'armée colombienne le 1er mars du numéro deux des Farc Raul Reyes, a poussé mercredi soir l'ambassadeur Jean-Michel Marlaud à demander l'aide de la sénatrice colombienne de gauche Piedad Cordoba. Mme Cordoba, qui a négocié avec les Farc aux côtés du président du Venezuela Hugo Chavez la libération récente de six otages colombiens, a annoncé à la presse avoir été informée par M. Marlaud qu'Ingrid Betancourt "était dans un état grave". "L'ambassade de France a sûrement besoin d'une intervention de ma part et je vais m'en occuper", a-t-elle ajouté, précisant qu'elle ne pourrait parler avec les Farc "sans l'autorisation du président (colombien Alvaro) Uribe". Les ambassadeurs de France, d'Espagne et de Suisse ont été reçus jeudi par le président Uribe et le Haut commissaire pour la paix Luis Carlos Restrepo pour "aborder les thèmes propres à la mission" humanitaire, a-t-on appris auprès de la présidence colombienne.

A Paris, la soeur de l'otage Astrid Betancourt a appelé à "ne pas délaisser" le canal de négociation que représente Hugo Chavez, soulignant qu'il a un contact direct le chef rebelle Ivan Marquez.

Le président Chavez est le seul jusqu'à présent à avoir obtenu des rebelles la libération d'otages colombiens. La mission a été lancée au lendemain d'un nouvel appel solennel de Nicolas Sarkozy pour que la guérilla libère l'otage franco-colombienne que le chef de l'Etat a décrite comme en "danger de mort imminente".

L'ex-candidate à la présidentielle colombienne souffre notamment d'une hépatite B et son état serait alarmant, selon plusieurs témoignages indirects relayés par la famille et ses comités de soutien. Ingrid Betancourt fait partie des 39 otages dits "politiques" que la guérilla des Farc, en lutte contre les autorités colombienne depuis 1964, dit vouloir échanger contre 500 guérilleros emprisonnés en Colombie.


Chavez ne peut rien faire... Hugo Chavez affirme être dans l'incapacité d'aider à la libération d'Ingrid Betancourt parce qu'il a perdu tout contact avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) qui la retiennent depuis six ans. Dans un discours télévisé, le président vénézuélien a expliqué jeudi qu'il avait assuré à son homologue français Nicolas Sarkozy qu'il soutiendrait la mission humanitaire dépêchée par Paris et censée approcher les FARC pour obtenir la libération de la Franco-Colombienne. Mais Hugo Chavez a reconnu qu'il a été incapable de convaincre les FARC de la libérer. "Je ne peux rien faire de plus. J'ai perdu tout contact avec les FARC", a dit Chavez avant d'ajouter: "Nous sommes disposés à soutenir la mission humanitaire". Chavez, qui obtenu la libération de six otages depuis le début de l'année, a affirmé que sa rencontre l'an dernier avec Ivan Marquez, l'un des sept dirigeants des FARC, a été essentielle dans la négociation de ces libérations. Il a accusé les forces de sécurité américaines et colombiennes d'essayer de "traquer" Marquez, rendant impossible tout contact avec el chef rebelle.

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