Virunga : le feu au parc
On enregistre une certaine accalmie dans le mécontentement des militaires déployés au Kivu, parmi lesquels les désertions de masse se multipliaient ces dernières semaines en raison, essentiellement, du non-paiement des salaires depuis plusieurs mois.
Publié le 09-07-2009 à 00h00
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On enregistre une certaine accalmie dans le mécontentement des militaires déployés au Kivu, parmi lesquels les désertions de masse se multipliaient ces dernières semaines (voir LLB 23 juin) en raison, essentiellement, du non-paiement des salaires depuis plusieurs mois.
Alarmé par la tension, le président Kabila a en effet imposé le paiement des soldes : avril et mai sont payés, juin est en cours de versement, y compris pour les militaires en opération "Kimia II" au Sud-Kivu. On en espère une diminution des violations des droits de l’homme commises par l’armée congolaise contre sa population.
S’agissant des opérations militaires, on signale que l’armée congolaise au Sud-Kivu a repoussé les FDLR (rebelles hutus rwandais issus des génocidaires ; longtemps alliés de l’armée de Kinshasa) de plusieurs positions, ceux-ci évitant généralement le combat, quitte à reprendre des villages lorsque l’armée congolaise ne les occupe pas assez sérieusement.
Au Nord-Kivu, en revanche - où ce type d’opération, mené d’abord avec l’armée de Kigali, ensuite avec la Monuc (Mission de l’Onu au Congo), est supposé achevé - les FDLR, qui ont repris du poil de la bête lorsque l’armée rwandaise est rentrée chez elle, fin février, sont en train de monter en puissance. Ils mènent en effet des opérations aujourd’hui pratiquement aux abords de Goma, capitale de province.
Samedi dernier, les rebelles hutus rwandais ont mené trois opérations simultanées, en trois lieux éloignés les uns des autres (Masisi-centre, Rutshuru et Kyniadoni) contre des postes de la police congolaise. Les policiers sont aujourd’hui tous repliés à Rutshuru. Les FDLR mènent des attaques routinières sur les axes Rutshuru-Ishasha et Rutshuru-Kanyabayonga, au moyen de petits commandos.
On sait que les FDLR se financent notamment en exploitant le gibier, les produits miniers et surtout le bois (ils en font du charbon de bois, principal combustible consommé au Congo) du parc naturel des Virunga, le plus ancien d’Afrique (voir LLB 27 mai). C’est une activité illégale, pour laquelle ils bénéficient de la protection de militaires congolais. Les experts onusiens chargés de surveiller l’embargo sur les armes à destination des groupes armés illégaux au Congo-Kinshasa ont signalé dans un rapport rendu le 14 mai au Conseil de sécurité de l’Onu qu’ils "continuaient d’enquêter sur des cas précis de collaboration continue entre les FARDC (l’armée congolaise) et les FDLR".
La semaine dernière, l’ICCN (Institut congolais pour la protection de la nature), qui a pouvoir de police, a voulu "nettoyer" le parc des Virunga de ses exploitants illégaux FDLR. Les hommes de l’ICCN ont pu procéder à quelques arrestations mais se sont, à nouveau, heurtés à des éléments de l’armée congolaise qui défendaient les intérêts économiques des FDLR.
Ces affrontements ont été apparemment suivis par la mise à feu d’une partie du parc par les militaires : celui-ci a brûlé "sur des kilomètres et des kilomètres", nous précise un témoin visuel, "entre Kibasi et Kibumba". Selon cette source, l’incendie de la savane dans cette zone a duré deux jours, lundi et mardi derniers.
L’état-major de l’armée a annoncé le 5 juillet, mais ce n’est pas la première fois, une "tolérance zéro" pour les exactions et les actes d’indiscipline au sein de l’armée.