Viols : enfin punir les militaires

"Un des soldats m’a violée. Mes parents ont parlé à un commandant et il a dit que les soldats ne violaient pas".Témoignages de dizaines de victimes à l’appui, Human Rights Watch (HRW) a dénoncé jeudi à Bruxelles "l’impunité" de l’armée au Congo-Kinshasa. Magistrature : le président Kabila nettoie au karcher

(AFP, Reuters, Belga)
Viols : enfin punir les militaires
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"Un des soldats m’a violée. Mes parents ont parlé à un commandant et il a dit que les soldats ne violaient pas".

Témoignages de dizaines de victimes à l’appui, Human Rights Watch (HRW) a dénoncé jeudi à Bruxelles "l’impunité" de l’armée au Congo-Kinshasa, où 7703 cas de violences sexuelles, souvent sur des femmes et des jeunes filles, ont été enregistrés par l’Onu en 2008 rien que dans l’est du pays. Depuis le lancement des offensives contre les rebelles hutus rwandais FDLR, issus des génocidaires, et le déploiement des soldats qu’elles imposent, les cas de viols dans les provinces du sud et nord Kivu "ont doublé ou triplé", souligne HRW.

Dans son étude intitulée "Les soldats violent, les commandants ferment les yeux", HRW constate que sur 250 viols étudiés, 143 sont dus à des militaires congolais. Ceux-ci contribuent ainsi "au climat d’insécurité et d’impunité qui règne actuellement dans l’est du Congo", dénonce l’ONG.

Si "le gouvernement congolais, l’Onu et d’autres ont fait beaucoup en matière d’aide aux victimes de violences sexuelles", note l’auteur du rapport, Juliane Kippenberg, "pour ce qui est de mettre fin au climat permissif qui engendre ces violences, leurs initiatives se sont avérées limitées". Ainsi, seuls 27 soldats opérant au Kivu ont été condamnés en 2008 et aucun haut gradé.

Quelques officiers de haut rang ont été poursuivis pour avoir autorisé ou perpétré eux-mêmes des violences sexuelles contre des femmes ou des fillettes. Mais "la responsabilité pénale des officiers supérieurs, et notamment leur responsabilité du commandement, fait rarement l’objet d’enquêtes de la part des procureurs militaires", dénonce encore HRW, regrettant que les commandants militaires restent des "personnages puissants et intouchables".

Le rapport souligne les actes, pour la plupart non punis, de la 14e brigade de l’armée congolaise basée dans l’est depuis 2006 et dont les violences sexuelles "persistent à ce jour" malgré sa dissolution en mars 2009.

L’ONG suggère la création d’une "chambre mixte" composée de juges et de procureurs congolais et internationaux, "qui aiderait à remédier aux faiblesses du système judiciaire national". L’organisation appelle également à une réforme de l’armée et à l’amélioration des conditions de vie des soldats. Elle demande enfin au Conseil de sécurité de l’Onu d’adopter des "mesures sévères" à l’encontre des coupables, notamment des interdictions de voyager.

Un porte-parole de l’armée congolaise a quant à lui jugé jeudi le rapport de HRW "dénué de tout fondement".

Le ministre belge de la Coopération au développement, Charles Michel, a annoncé l’octroi d’un budget complémentaire d’1,5 million d’euros pour 2009 et pour 2010 à deux ONG, Avocats Sans Frontières (ASF) et le Réseau des Citoyens au Congo et dans la région des Grands lacs (RCN) pour renforcer la lutte contre l’impunité dans l’est du Congo.

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