Marée noire: BP accepte de placer 20 milliards sur un compte bloqué

Convoqués à la Maison Blanche par un Barack Obama qui a dénoncé leur «imprudence», les dirigeants de BP ont accepté mercredi de mettre de côté 20 milliards de dollars pour indemniser les victimes de la marée noire dans le golfe du Mexique, a-t-on appris auprès de responsables de l'administration américaine.

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Marée noire: BP accepte de placer 20 milliards sur un compte bloqué
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Convoqués à la Maison Blanche par un Barack Obama qui a dénoncé leur «imprudence», les dirigeants de BP ont accepté mercredi de mettre de côté 20 milliards de dollars pour indemniser les victimes de la marée noire dans le golfe du Mexique, a-t-on appris auprès de responsables de l'administration américaine.

Selon ces responsables, qui s'exprimaient sous couvert de l'anonymat, cette décision a été prise sous la pression de la Maison Blanche alors que le groupe pétrolier est à l'origine de la pire catastrophe écologique de l'histoire des Etats-Unis.

Le fonds indépendant sera dirigé par l'avocat Kenneth Feinberg, qui a supervisé le paiement des dommages aux familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Le président américain Barack Obama doit annoncer cet accord dans la Roseraie à l'issue de sa rencontre avec les dirigeants de BP à la Maison Blanche.

Le patron de la compagnie pétrolière, Carl-Henric Svanberg, était présent, de même que le directeur général Tony Hayward, qui incarne la réponse critiquée de BP face à la crise.

Cette réunion est survenue au lendemain du discours à la nation au cours duquel président américain qui a promis de faire «payer» BP pour son «imprudence».

Car huit semaines après l'explosion de la plate-forme DeepWater Horizon, qui avait fait 11 morts le 20 avril dernier, des millions de litres de pétrole continuent de s'échapper du puits au large de la Louisiane, et nombre d'Américains s'impatientent, jugeant trop lente la réponse des autorités face à la catastrophe.

De retour d'un nouveau déplacement dans le Golfe du Mexique, Barack Obama s'est efforcé mardi soir de prouver au pays qu'il faisait tout pour lutter contre la marée noire, même si, faute de disposer de la technologie nécessaire, le gouvernement américain dépend des efforts de BP pour arrêter la fuite.

«Nous combattrons cette fuite avec tout ce que nous avons aussi longtemps qu'il le faudra», a lancé le chef de la Maison Blanche, qui avait choisi pour son allocution le cadre solennel du Bureau Ovale, habituellement réservé aux déclarations sur la guerre.

Il n'a pas caché que le pays devrait sans doute subir longtemps les conséquences de la marée noire, comme «une épidémie que nous devrons combattre pendant des mois et même des années».

D'après les chiffres communiqués mardi par une commission scientifique gouvernementale, la fuite atteint entre 5,56 et 9,54 millions de litres par jour, plus que les dernières estimations, et jusqu'à 439 millions de litres pourraient déjà s'être répandus dans le golfe du Mexique.

BP a commencé mercredi à faire brûler du pétrole siphonné du puits, avec pour objectif d'incinérer entre 800.000 et 1,6 million de litres de brut chaque jour une fois que le système sera complètement opérationnel.

Un puits secondaire doit être installé pendant l'été afin de faire cesser totalement la fuite.

Mardi soir, le président américain a également justifié le moratoire de six mois sur les nouvelles autorisations de forage en haute mer et défendu la nécessité de trouver d'autres sources d'énergie, appelant les Américains et le Congrès à soutenir sa loi sur l'énergie et le climat, l'une des priorités de sa présidence, bloquée au Sénat.

La tragédie dans le golfe du Mexique rappelle douloureusement que «c'est maintenant qu'il faut s'engager dans un avenir fondé sur l'énergie propre», a-t-il insisté.

Reste à savoir si son allocution et le geste de BP seront suffisants pour retrouver la confiance des Américains, à quelques mois d'élections au Congrès en novembre.

D'après un sondage Associated Press-GfK, rendu public mardi, 52% des Américains n'approuvent pas la façon dont Barack Obama gère la crise, un taux en hausse par rapport au mois dernier.

Mais l'opinion publique américaine concentre surtout sa colère sur BP: 83% des Américains jugent négativement la façon dont le groupe a répondu à l'explosion de la plate-forme.

La popularité générale d'Obama reste par ailleurs quasiment inchangée à 50%.

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