Présidence belge de l'UE: “Il ne reste qu’à balayer dans les coins"
Attention travaux. Tout un symbole : deux semaines avant que la Belgique ne prenne les rênes du Conseil de l’Union européenne, les locaux de sa Représentation permanente auprès de l’UE sont en chantier.
Publié le 16-06-2010 à 06h55 - Mis à jour le 16-06-2010 à 09h58
Attention travaux. Tout un symbole : deux semaines avant que la Belgique ne prenne les rênes du Conseil de l’Union européenne, les locaux de sa Représentation permanente auprès de l’UE sont en chantier.
C’est qu’il a fallu réaménager les bâtiments sis rue de la Loi à Bruxelles, pour accueillir les 80 experts détachés de l’administration ou des cabinets venus gonfler l’effectif des 120 membres de la RP, afin qu’elle puisse s’acquitter du surcroît de travail que représentent la préparation et l’exécution d’une présidence européenne. Indispensable interface entre les niveaux européen et national, la RP est en effet l’une des chevilles ouvrières de la présidence belge. Parce que, souligne un insider, “elle est la première informée de ce qui se passe au niveau européen”.
C’est la RP qui, notamment, a fait l’inventaire des dossiers à clore, à lancer ou à faire progresser pendant les six prochains mois, afin de permettre aux autorités belges d’élaborer le programme de la présidence. “Un programme ça se prépare jusqu’au niveau des agendas détaillés de réunions des Conseils. On sait par exemple quels points seront discutés, et dans quel ordre, le 2 décembre lors du Conseil Energie, les points législatifs et les points non législatifs”, détaille la même source. Qui précise : “Nous sommes avant tout des serviteurs de l’Etat. Ce sont les politiques qui prennent les décisions.”
A l’étage politique, justement, ce sont le cabinet du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Olivier Chastel (MR) et la DG Europe du ministère des Affaires étrangères qui sont en première ligne.
“Ici, c’est la soute du navire présidence”, confie François Roux, chef de cabinet d’Olivier Chastel, enfilant à la hâte un sandwich entre deux réunions du Groupe de suivi. Celui-ci – composé, dans sa version kern, de représentants respectifs de la chancellerie du Premier, des vice-Premiers, des ministres-Présidents des entités fédérées, des ministres compétents pour la matière traitée, de la DGE et de la RP (ouf) – était occupé, ces dernières semaines, à mettre la dernière main au programme de la présidence belge, dont les grandes lignes devraient être dévoilées ce mercredi. Une préparation “inclusive”, de manière à éviter, pendant la présidence, que la main gauche ignore ce que fait la droite. “On est dans un processus de finalisation, on négocie quasiment à la virgule près”, explique François Roux.
Avant d’en arriver là, il a fallu rattraper le temps perdu. “Nous avions le cadre général du programme du trio ( , mais nous attendions le programme législatif de la Commission qui va bien au-delà de 2010.” En raison de l’entrée en vigueur tardive du traité de Lisbonne, celle-ci n’a été mise en place qu’en février 2010, et n’a présenté son programme qu’en avril. “C’est seulement à ce moment-là qu’on a pu commencer à travailler nous-mêmes, encore qu’on n’avait pas une idée très précise de ce que les Espagnols pourraient faire eux-mêmes”, complète François Roux.
Cela dit, la Belgique, et en particulier le secrétaire d’Etat, ont les mains dans le cambouis depuis fin 2008. C’est à cette époque qu’ont été définis la feuille de route, le budget, les aspects logistiques, opérationnels, qu’ont été mis en place les groupes de travail et de suivi, le mode de consultation de la société civile, etc.
La même année a été avalisé le principe d’un programme du trio de présidences. Une décision stratégique, avoue François Roux. “On a anticipé l’entrée en vigueur de Lisbonne, parce qu’on a très vite senti qu’une coalition fédérale de cinq partis différents, trois régions et trois communautés, ça allait être très difficile de ficeler un programme.”
L’autre axiome de départ était de penser au-delà du belgo-belge. En raison, d’une part, de l’instabilité politique d’un pays qui a connu dans l’intervalle deux Premiers ministres et trois chefs de la diplomatie différents. Et d’autre part, avec l’objectif de donner une inflexion “communautaire” (européenne, s’entend), au programme belge en le confrontant aux idées espagnoles, et hongroises et en multipliant les contacts entre ministres et administrations des trois pays.
Les résultats du scrutin du 13 juin étant ce qu’ils sont, il n’est pas certain qu’Olivier Chastel pourra cueillir les fruits du travail accompli. “Si le MR n’est pas dans le prochain gouvernement, nous remettrons nos dossiers. Nous y mettons un point d’honneur”, assure François Roux.
En revanche, pour les ministres régionaux et communautaires amenés, particularité noir-jaune-rouge, à présider une formation du Conseil (au nom de la Belgique), c’est business as usual. “C’est la stabilité absolue”, assure Anne Peeters, recrutée par le cabinet du ministre wallon de l’Economie Jean-Claude Marcourt (PS) en vue de la présidence, tandis que Fabienne Thirion assure la liaison avec la RP.
Le n° 2 wallon occupant le siège belge depuis près d’un an pour le volet industrie du Conseil Compétitivité, les contacts ont déjà été établis avec les Etats membres. “Ils nous ont fait part de leurs priorités et veulent connaître les nôtres. Ils s’interrogent aussi sur le mécanisme des tours de rôle belge au Conseil”, explique Anne Peeters. Mais aussi avec la Commission, dont une délégation était il y a une dix jours à Namur pour préparer la conférence sur les clusters qui se tiendra à Bruxelles à l’automne.
Car au-delà de l’agenda européen, la présidence belge sera en charge des Conseils informels et d’une foule d’événements initiés par les ministres concernés. Aussi à Namur, on peaufine la préparation des conférences de Bruxelles, de Spa ou de Seraing. “Nous essayons d’implémenter un fil rouge entre tous les événements qui se déroulent sous la présidence du ministre, pour qu’il y ait une touche qui soit la sienne”, détaille Jean-Jacques De Paoli, responsable, avec Caroline Monin du volet logistique.
Le niveau de préparation diffère pour chacun de ces événements, selon la place qu’ils occupent dans le calendrier. En tout cas, pour la réunion sur l’innovation et la recherche qui se déroulera, le 2 juillet, à Bruxelles “il ne reste plus qu’à balayer dans les coins”, rassure Jean-Jacques De Paoli.
© La Libre Belgique 2010