Un concert de louanges presque sans couac

Cette présidence belge est une immense chance pour nous tous !" Ces mots vibrants sont de Martin Schulz, le président des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D), et reflètent bien l’ambiance de l’hémicycle mercredi à Strasbourg.Le blog Trans Europe Expressli>La Journée européenne : Van Rompuy vengé

Véronique Leblanc
Un concert de louanges presque sans couac
©epa

Correspondante à Strasbourg Cette présidence belge est une immense chance pour nous tous !" Ces mots vibrants sont de Martin Schulz, le président des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D), et reflètent bien l’ambiance de l’hémicycle mercredi à Strasbourg. A entendre les leaders des principaux groupes politiques, on se dit que cette présidence qui échoit à la Belgique et qui fut qualifiée parfois de "fantôme" avec son gouvernement en affaires courantes, était en fait attendue comme le messie.

"Enfin un pont vers une attitude fondamentalement européenne", enchérit Schulz alors que Joseph Daul, président du Parti populaire européen (PPE), venait de se réjouir d’un pragmatisme à la belge qui a évité le piège de "priorités-catalogue", promettant de refaire l’Europe en 6 mois pour venir expliquer à la fin qu’on n’avait pas pu y arriver pour trente-six raisons.

Le Premier ministre Yves Leterme a donc réussi son grand oral. Très à l’aise, l’homme a même réussi à impressionner par son multilinguisme Rebecca Harms, la coprésidente du groupe des Verts : français et néerlandais bien sûr, mais aussi anglais et italien lors de la conférence de presse qui suivit. "Un signe à l’adresse de vos concitoyens belges", a-t-elle dit, en soulignant que "le multilinguisme était la base pour un développement partagé". Dont acte.

Quant à Guy Verhofstadt, s’exprimant au nom des libéraux et démocrates (ALDE), il a assuré son compatriote de l’appui de son groupe en rappelant que "les présidences belges ont toujours tenté d’accélérer l’intégration européenne, ce qui est ce dont nous avons besoin dans le monde de demain".

Jean-Luc Dehaene a pour sa part tenu à rappeler la nouvelle donne du traité de Lisbonne : collaboration avec la présidence du Conseil européen incarnée par Herman Van Rompuy, rôle accru du Parlement et nécessité de développer une collaboration efficace entre celui-ci et le Conseil. Un point dont le secrétaire d’Etat Olivier Chastel confirmera l’importance pour la présidence belge un peu plus tard dans la journée, en annonçant la mise en place de réunions régulières et d’évaluation mensuelle entre les représentants des deux institutions, ceci afin de ne jamais perdre de vue la "concrétisation des priorités".

Les priorités annoncées par Yves Leterme dans l’hémicycle, elles sont connues : donner un nouvel élan économique, relancer la croissance et s’attaquer à la pauvreté, tout en prônant la révolution verte. Avec deux gros dossiers à faire aboutir d’emblée, celui de la supervision économique (qui fera figure de test pour la présidence belge) et celui du nouveau service diplomatique européen sur lequel le Parlement doit voter jeudi.

Tout le monde dans l’hémicycle se retrouvait autour de ces objectifs. Tout le monde ou presque; car il fallait bien un trublion de service et, dans le rôle, on peut souvent compter sur le Britannique Nigel Farrage issu du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), eurosceptique plus que notoire. Connu pour sa sortie contre Herman Van Rompuy, qu’il avait qualifié de "torchon humide", il s’en est pris cette fois à Yves Leterme mais sans verser ouvertement dans l’insulte. Après s’être gaussé, notamment, de l’épisode de la Marseillaise chantée en lieu et place de la Brabançonne, Nigel Farage s’est interrogé sur l’opportunité de "laisser un pays au bord de la rupture dire à vingt-six autres Etats membres pendant six mois ce qu’ils devraient faire". Le personnage déplaît et ses attaques ad hominem ne sont pas acceptables mais la question, pour outrancière qu’elle soit, n’est pas sans intérêt, même s’il est piquant - comme le fit remarquer un eurodéputé - de voir un farouche nationaliste se mêler sans vergogne des affaires intérieures d’un autre pays.

La Belgique a toutes les chances de mener une présidence efficace. Le capital de confiance qui lui est acquis est tangible mais on ne peut pas occulter ses problèmes intérieurs. "C’est vrai qu’il est dommage que le capitaine ait le mal de mer quand le bateau prend la mer", commentait le socialiste belge Marc Tarabella, "même si le navire arrivera à bon port. Il est évident qu’un gouvernement stable eut été préférable. Tout a été préparé de façon remarquable, nul ne le conteste, mais les ministres qui sont là ne savent pour combien de temps ils le sont et c’est inconfortable".

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