L'image de l'islam à travers l'actualité internationale

Peut-on faire un lien entre l'actualité internationale et la peur de l'islam ? Rik Coolsaet, professeur de relations internationales à l'Université de Gand a répondu à nos questions.

L. Berdelou (s.t)
L'image de l'islam à travers l'actualité internationale
©AFP Internet

Aux États-Unis, le dur souvenir des attentats du 11 septembre 2001 revient sans cesse sur la table quand le projet de mosquée à Ground Zero est abordé. Depuis les attentats, parler d'islam va souvent de pair avec parler d'extrémisme religieux et de terrorisme. L'imam à l'origine du projet espère pourtant "contribuer à rapprocher le monde musulman et l'Occident", rapporte TF1. Mais pour certains, cela relève de la provocation. De nombreux témoignages ont été recueillis à ce sujet et notamment celui-ci pour CNN: “Les attentats ont été faits au nom de l'islam” affirme un new-yorkais, avant d'ajouter: “C'est une terre sacrée où des gens sont morts, où mon frère a été assassiné. Et être dans l'ombre de cette religion, c'est juste une hypocrisie et un sacrilège.” Les ressentiments font souvent oublier que ces évènements n'ont été le fruit que de quelques individus.

Les Américains n'ont pas été les seuls touchés par les images des deux tours qui s'effondrent. Ce jour là, partout en Occident, le monde s'est arrêté. Alors, quand on parle de l'Iran et de son programme nucléaire, la crainte ébranle la communauté internationale parce qu'aujourd'hui les pays musulmans font peur.

De ce fait, un lien est-il faisable entre l'actualité internationale et la peur de l'islam ? Il semblerait, c'est en tout cas ce qu'affirme Rik Coolsaet, professeur de relations internationales à l'Université de Gand: “Avant le 11 septembre quand nous avions des difficultés en Belgique, en Hollande, ou encore en France, avec des minorités, on disait que l'on avait des problèmes avec les Turcs, avec les Marocains …. Depuis le 11 septembre, tout le monde dit, de manière très spontanée, que l'on a des problèmes avec les musulmans.” En d'autres termes, “les problèmes sont les mêmes sauf que la vision que l'on a de la problématique est devenue religieuse alors qu'elle était ethnique ou sociale.” D'où l'amalgame qui est souvent fait entre Musulman et terrorisme. Pour Rik Coolsaet, l'islam est instrumentalisé. On dit avoir peur de l'islam, alors que la vraie peur est celle de l'étranger, de l'inconnu.

Il y a eu une peur du terrorisme certaine après les attentats du World Trade Center, mais "celle-ci s'est estompée en Europe, du fait qu'il n'y ait pas eu de grands attentats dans nos pays." Mais, dans les pays musulmans, c'est à dire, dans les pays des immigrés actuels, il y a encore des attentats. De ce fait, “la peur du terrorisme (dans nos pays) a laissé place à la peur des immigrés parce qu'ils viennent de pays jugés dangereux.”

Selon Rick Coolsaet, les fautifs semblent être “les politiques et les médias qui, réunis, reflètent la peur et en la reflétant ils la renforcent. Journalistes et politiques sous-estiment leur influence”, et le poids des informations qu'ils diffusent au sujet de ce qu'il se passe dans les pays musulmans tel que l'Irak, le Pakistan... Trop de sujets "négatifs" sont diffusés au détriment des faits d'actualité "positifs" pour l'image de ces pays.

Ce phénomène n'est pas nouveau. Au 19ème siècle, la peur des Italiens, qui immigraient alors en masse, était semblable à la peur des musulmans. Aujourd'hui, c'est la religion islamique qui fait peur, à l'époque c'était l'accent italien. “A chaque fois ce sont des caractéristiques propres à la communauté immigrée qui sont mis en avant” explique M. Coolsaet. Pourquoi les Italiens faisaient-ils peur? Pour la même raison que nous avons peur des musulmans: le terrorisme. “A la fin du 19ème siècle, des attaques terroristes ont été menées par des Italiens. Avec la démocratisation de la presse, les gens étaient informés de l'actualité mondiale et donc de ces attaques. On craignaient que des terroristes se cachent parmi les immigrés.”

Aujourd'hui, il n'y a plus de crainte vis à vis de la population italienne car elle n'est plus inconnue. “La peur disparait dans la mesure où les liens se tissent, où on commence à connaitre son voisin” estime Rik Coolsaet qui rappelle que cette crainte est partagée par toute la planète tant la peur de l'inconnu est grande.

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