En attendant l’abolition

Il y a les condamnés censés succomber en sept minutes à l’injection létale et ceux dont on tranche la tête au sabre, les femmes qu’on lapide et les homosexuels qu’on pend d’une grue, ou encore les exécutés par balles (dont on envoie la facture à la famille). "Trahi par le système auquel j’avais apporté mon soutien pendant des années"

S.Vt.
En attendant l’abolition
©D.R.

Il y a les condamnés censés succomber en sept minutes à l’injection létale et ceux dont on tranche la tête au sabre, les femmes qu’on lapide et les homosexuels qu’on pend d’une grue, ou encore les exécutés par balles (dont on envoie la facture à la famille). La peine de mort reste une réalité dans 58 pays au monde, parmi lesquels la Chine, l’Iran, l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, l’Egypte, le Japon et le Vietnam. Dimanche encore, date de la Journée mondiale contre la peine de mort, quatre personnes accusées de trafic de drogue ont été pendues dans une prison de Zanjan, ce qui porte à au moins 129 le nombre de personnes exécutées en Iran depuis le début de cette année.

Alors que croît le nombre de pays abolitionnistes, note le secrétaire d’Etat belge Olivier Chastel, la situation reste contrastée car "le nombre d’application de la peine de mort reste alarmant : 5679 exécutions en 2009 sont 5679 exécutions de trop !".

Comme l’indique Amnesty International dans son dernier rapport sur la question, "les pays d’Asie ont exécuté plus de personnes que les autres pays du monde". La Chine, qui garde ses chiffres sous le sceau du secret d’Etat, figurerait en tête du classement mondial de 2009 avec "des milliers" de cas, devant l’Iran (388 au moins), l’Irak (120), l’Arabie Saoudite (69) et les Etats-Unis (52). La perspective d’une exécution s’accompagne épisodiquement de campagnes médiatiques et levées de boucliers autour de cas emblématiques. Avec ou sans succès au bout du compte : l’Iranienne Sakineh Ashtiani a pour le moment échappé à la lapidation, alors que l’Américaine Teresa Lewis, déficiente mentale, a été exécutée en Virginie le mois dernier.

L’abolition universelle reste l’un des objectifs des défenseurs des droits de l’homme et des Européens. La peine de mort n’est plus pratiquée sur le Vieux continent qu’au Belarus. L’adhésion au Conseil de l’Europe, une organisation de 47 membres qui a fait des droits de l’homme son fonds de commerce, impose en effet son interdiction. (*) Et cette situation a amené les Européens à refuser désormais des demandes d’extradition provenant de pays pratiquant la peine de mort afin de ne pas se rendre responsables "par ricochet" d’actes de torture et traitements inhumains ou dégradants, à tout le moins.

(*) La Russie, si elle ne pratique plus la peine de mort, ne l’a cependant toujours pas abolie.


Enfoncer le clouHuitième édition. Le 10 octobre 2003, était organisée la première Journée mondiale contre la peine de mort, à l’initiative d’organisations fédérées sous la coupole de la Coalition mondiale éponyme. Soutenue depuis par le Conseil de l’Europe et l’Union, elle est dédiée cette année aux Etats-Unis. Un espoir : en 2007, l’Assemblée générale de l’Onu adoptait une résolution appelant à un moratoire sur les exécutions. Si "elle n’est pas juridiquement contraignante", rappelle Amnesty International, "elle a un poids moral et politique considérable".

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