WikiLeaks: l'injonction des USA à Twitter dénoncée devant la justice
L'ordre donné par l'administration Obama à Twitter de fournir des informations sur des personnes en contact avec WikiLeaks a été fustigé mardi devant la justice américaine, des avocats dénonçant l'immixtion des Etats-Unis dans les réseaux sociaux.
- Publié le 16-02-2011 à 07h03
- Mis à jour le 16-02-2011 à 07h05
:focal(115x89:125x79)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MHX5S6FALZB7FLLV4RATIHEHOM.jpg)
L'ordre donné par l'administration Obama à Twitter de fournir des informations sur des personnes en contact avec WikiLeaks a été fustigé mardi devant la justice américaine, des avocats dénonçant l'immixtion des Etats-Unis dans les réseaux sociaux.
La question a été débattue devant une Cour fédérale d'Alexandria (Virginie, est) et portait sur un mandat judiciaire ordonnant à Twitter de donner des informations sur les comptes d'une parlementaire islandaise, Birgitta Jonsdottir, d'un chercheur américain en informatique, Jacob Appelbaum, et de Rop Gonggrijp, un collaborateur hollandais de WikiLeaks.
Les avocats de ces trois personnes ont demandé mardi l'annulation de l'injonction. La décision de la Cour sera rendue à une date ultérieure non précisée.
Autoriser le gouvernement américain à avoir accès aux informations des réseaux sociaux constituerait "une grande nouveauté qui (...) permettrait au gouvernement d'en savoir beaucoup plus sur nous qu'auparavant", a lancé John Keker, l'avocat de M. Appelbaum.
Cela équivaudrait à fournir "la carte des contacts" des utilisateurs de Twitter, a-t-il insisté, estimant qu'il s'agirait d'une violation du IVe amendement de la Constitution américaine, qui protège les citoyens des perquisitions arbitraires.
L'avocat représentant le gouvernement, John Davis, a riposté en soulignant que cette demande d'informations était "une mesure d'enquête classique utilisée chaque jour de l'année partout dans le pays".
La juge Theresa Buchanan, qui présidait mardi à l'audience, avait rendu le 14 décembre une ordonnance contraignant le service de micro-blogs Twitter à fournir au gouvernement américain des informations sur les trois plaignants, ainsi que sur tout autre titulaire d'un compte lié à WikiLeaks.
Cette demande des autorités américaines "est une attaque scandaleuse contre la vie privée et le droit à la liberté d'expression des usagers de Twitter", a vitupéré le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, dans un communiqué publié lundi.
WikiLeaks a publié sur internet des milliers de documents confidentiels sur les guerres en Irak et en Afghanistan et des notes provenant de diplomates américains en poste à travers le monde.
Mardi devant la justice, les avocats des plaignants ont également demandé la divulgation du mandat judiciaire, soupçonnant qu'il pourrait concerner d'autres groupes internet comme Google, Facebook ou Yahoo!.
"Le gouvernement ne devrait pas être autorisé à avoir accès à ces informations, pas plus qu'il ne devrait avoir le droit de garder cela secret", a dit Me Aden Fine, un avocat de la puissante organisation américaine de défense des libertés civiles (Aclu), s'exprimant au nom de Mme Jonsdottir.
"Le monde entier nous regarde pour savoir quelle sera la réponse du gouvernement américain et de la justice", a-t-il dit.
Le cas de Mme Jonsdottir est "d'autant plus troublant" qu'il concerne une ressortissante islandaise protégée par l'immunité parlementaire dans son pays, s'est indignée Cindy Cohn, de l'organisation "Electronic Frontier Foundation" (EFF), qui défend la liberté sur internet.
Le dossier a créé des remous entre les Etats-Unis et l'Islande, l'ambassadeur américain à Reykjavik ayant été convoqué en janvier au ministère islandais des Affaires étrangères.
Mme Jonsdottir a assuré à l'AFP via Twitter qu'elle était déterminée à se battre pour défendre sa vie privée. Et lorsqu'on lui a demandé si elle comptait obéir aux autorités américaines qui lui demandent de transmettre des données se rapportant à son compte Twitter, elle a dit "ne pas avoir beaucoup de choix et les autres utilisateurs des réseaux sociaux non plus".