Aidés par l’Union européenne, oui, mais pas à n’importe quel prix
Les Irlandais estiment que l’Union européenne les soumet à une double contrainte. Celle d’assainir des finances publiques dont le bilan de santé est absolument alarmant, tout en devant s’acquitter d’un taux d’intérêt jugé prohibitif de 5,83 % pour le remboursement du plan d’aide conjoint UE-FMI de 85 milliards d’euros à l’horizon 2015.
Publié le 25-02-2011 à 04h15 - Mis à jour le 25-02-2011 à 07h48
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Les Irlandais estiment que l’Union européenne les soumet à une double contrainte. Celle d’assainir des finances publiques dont le bilan de santé est absolument alarmant, tout en devant s’acquitter d’un taux d’intérêt jugé prohibitif de 5,83 % pour le remboursement du plan d’aide conjoint UE-FMI de 85 milliards d’euros à l’horizon 2015.
Un plan de sauvetage assorti, qui plus est, de conditions et d’échéances à respecter pour revenir dans les clous budgétaires au moment où le prêt devra être remboursé, qui laissent à beaucoup d’Irlandais le sentiment que la conduite de leur politique domestique est dictée depuis Bruxelles, Francfort et Washington.
A l’exception du Fianna Faíl qui, contraint et forcé par ses partenaires européens d’accepter un plan de sauvetage, l’a négocié avec l’Union et le FMI en novembre dernier, tous les partis en lice pour l’élection législative de ce vendredi ont inscrit la renégociation de certains termes du contrat dans leur programme politique.
Le chef de file des travaillistes du Labour, Eamon Gilmoure, réclame que le délai pour ramener le déficit public (actuellement de 32 % du PIB) à 3 % du PIB soit fixé à 2016 et non à 2015, comme prévu.
"L’Irlande veut payer sa part", admet de son côté le leader du Fine Gael et plus que probable futur Premier ministre, Enna Kenny, "et elle le fait déjà, mais nous estimons que nous avons besoin d’aide quant au poids que représentent le taux d’intérêt et le coût de la restructuration des banques". M. Kenny présentera son point de vue à ses pairs, lors du sommet de la zone euro du 11 mars, puis du sommet européen des 24 et 25 mars.
La Commission attend, elle, que le volet 2011 du plan soit respecté. Mais "concernant les années ultérieures, il y a plus de marge de manœuvre" pour des aménagements.
"La partie "FMI" du plan, on ne pourra pas la renégocier", estime l’analyste Tom McDonnell du think tank irlandais Tasc. "Le volet européen, jusqu’à un certain point, parce que les économistes de l’UE et de la Banque centrale pourraient constater que l’Irlande risque d’être insolvable, ce qui aurait un effet domino dans toute la zone euro." Tasc suggère que, "plutôt que d’oublier certaines dettes, on étende le délai de remboursement à 30 ou 40 ans, ce qui réduirait le taux d’intérêt. Nous sommes comme un pays qui sort d’une guerre. Nous avons besoin d’un plan Marshall plutôt qu’un traité de Versailles." Et de conclure : "les Européens ont aussi une responsabilité dans cette crise. Le système de contrôle a échoué et les banques étrangères ont prêté sans scrupule aux banques irlandaises (l’Etat irlandais a dû injecter plus de 50 milliards d’euros dans le secteur bancaire pour éviter qu’il s’effondre, NdlR) . Il n’y a pas de raison que les citoyens irlandais soient les seuls à payer pour ça. Pour éviter des naufrages dans le futur, le secteur privé devra assumer sa part de risque. C’est ce qu’Angela Merkel a dit."
OleB, en Irlande