Lady Ashton impatiente Vanackere

L’attaque est venue par surprise, d’un côté où on ne l’attendait probablement pas. Il faut dire que les Belges prenaient soin de brouiller les pistes : ils s’évertuaient tant à ne pas marcher sur les plates-bandes de Cathy Ashton qu’on en venait parfois à se demander s’ils avaient un avis. Et voilà que le ministre Steven Vanackere confesse, dans "Le Soir" de mercredi, "une certaine impatience" : l’Union ne parle toujours pas d’une seule voix. Comme l’avait ironiquement dit Nicolas Sarkozy en février, "la conception que j’ai de l’Europe, ce n’est pas que 27 chefs d’Etat et de gouvernement doivent se taire parce que nous avons la chance d’avoir Mme Ashton". Depuis son entrée en fonction à la tête de la diplomatie de l’Union, la Lady fait régulièrement l’objet de critiques sur ses compétences et sa gestion politique. Mais les chefs de la diplomatie resteraient, eux, diplomates ou anonymes. M. Vanackere a donc dit haut et fort ce que beaucoup pensent tout bas. Le Service d’action extérieure devrait être "l’axe central autour duquel les Etats membres peuvent s’organiser. Mais en l’absence d’un axe central qui répond, fait des analyses et tire des conclusions rapidement, les Allemands aujourd’hui, les Français demain ou les Anglais prennent une partie de ce rôle d’axe central", analyse-t-il. "C’est alors autour d’eux que les autres doivent s’organiser ! Le résultat est centrifuge, pas centripète", déplore-t-il. "On peut accepter que certains réagissent plus vite qu’Ashton, mais à condition qu’elle puisse prouver qu’elle travaille sur le moyen et le long termes, et sur des thèmes hyperimportants comme l’énergie. Mais ça non plus, je n’ai pas encore vu."

mais elle n’a pas encore le don d’ubiquité

"Cathy Ashton ne sera jamais capable de faire seule ce que trois personnes faisaient avant" : dans l’entourage de la Haute représentante, on pointe à sa décharge le fait qu’elle n’a pas été dotée par le traité de Lisbonne du don d’ubiquité. "Les gens n’ont pas voulu comprendre que c’était un métier impossible", poursuit-on pour sa défense. Steven Vanackere le concède quand même : "il est normal qu’Ashton ne soit partout en même temps", il faut "faire des choix, se concentrer sur les vrais enjeux, éviter de se perdre dans les détails, et une bonne gestion d’agenda". On se souviendra pourtant que les Belges s’étaient montrés irrités qu’elle ait choisi de se rendre à l’Assemblée générale de l’Onu l’an dernier plutôt qu’à leur petite réunion informelle des ministres de la Défense. Comme on le note dans les rangs de la Britannique, "c’était se moquer du monde".